Soupirant à nouveau, je sortais de la bibliothèque. Il m'avait fallu le temps, mais j'étais enfin venue à bout de ce fichu devoir de potions. Pourquoi, pourquoi est-ce que j'avais gardé l'étude des potions ? Pourquoi, alors que je déteste ça ? Enfin.. ça pourra sûrement m'aider en botanique, les infusions, tout ça.. « Haha », c'est ce que je me dis quand je me retrouve devant mon parchemin vierge, le sujet en tête, et un vide total d'idées. Impossible, c'est le mot. Il n’y avait aucun moyen qu’un jour, je pense à faire carrière dans les potions. Aucun. Tout en pensant à tout ça, je m’étirais en avançant, manquant au passage de frapper deux ou trois élèves qui passaient par là lorsque j’étendais mon bras. Mais que voulez-vous. Ca faisait une heure que j’étais là, devant mon parchemin, ma plume à la main, l’encre sèche à son bout. Rien ne me venait, alors finalement, je m’étais décidée à retenter ça ce soir. Et si ça ne marchait pas, je retenterai demain, et sinon.. bein vu que le devoir était à rendre dans deux jours, et que Mrs Callahan me semble assez froide, j’avais intérêt à trouver très vite une solution, ou bien à me préparer à redoubler mon année.. ce qui serait dommage, puisque j’avais réussi à tenir le coup jusque là.

Manquant de faire tomber mon sac en tentant un ultime étirement à travers la foule qui venait d’affluer de je ne sais où, je me dirigeais instinctivement vers le rez-de-chaussée. En vérité, je n’avais pas vraiment d’idée sur la direction que j’empruntais, mais je ferais le tour du château si il le fallait. Ca me paraissait loin, le temps où j’avais marché pour la dernière fois, vu de la bibliothèque. Surprenant, n’est-ce pas ? Je suis une Poufsouffle, et je ne le cache pas, j’adore travailler - même si j’ai des (grosses) lacunes en potions. J’aime le travail bien fait, et surtout j’adore être fière de mes résultats, qui me sont entièrement dus - parce que quand je recopie et que j’ai tout bon, c’est moins drôle.. Mais là, je vous avouerai que j’ai beau toujours bosser ce qu’il faut, j’ai horreur des bibliothèques. Enfin.. je ne sais pas si c’est celle de Poudlard qui me fait cet effet, parce que je vous avouerai que mes vacances chez moi, à Londres, je ne vais pas les passer dans un endroit où tout le monde ne demande que le silence, bruyante comme je suis, mais voilà. Je hais le silence. J’ai peut-être un problème en fait. Même si j’ai mes moments « sans », j’ai des soucis avec les conversations qui tombent à l’eau et tout ce genre de trucs. Alors je comble toujours les vides !

Et voilà, il a fallut que je passe par là. Il a fallut que j'atterrisse à Poufsouffle à mon arrivée à Poudlard, et surtout il a fallut que la salle commune de Poufsouffle se trouve aux cachots. L'inévitable panneau d'affichage se trouvait devant moi, proéminent, imposant, immanquable. S'inscrivait en toutes lettres mouvantes et motivées l'avis d'entraînement des équipes de Quidditch des quatre maison, en vue de l'ouverture - enfin ! - de la Coupe de Quidditch de Poudlard. Je me disais alors qu'ils auraient mieux fait de retirer cet avis, puisque les entraînements ont déjà tous eu lieu, et que toute l'école n'attend plus qu'une chose ; le premier match de cette nouvelle année. Un match qui s'annonçait rude, puisque cette année, le froid s'était installé assez prématurément, mais surtout à cause de l’effervescence monumentale qui régnait dans tout Poudlard. Bien entendu, nous, les fiers Poufsouffles, on avait tout calculé au millimètre. Cédric avait fait un super plan d'attaque, on était parés à affronter n'importe qui. Même, et surtout les Serpentards ! Jamie et Rami avaient d'ailleurs eu de supers idées pour les pulvériser.. et c'est de cette façon que je me rappelais enfin que Rami, mon Rami, nous avait demandé très sérieusement à toute la fine équipe, incluant bien entendu Zadig, l'adorable Jefferson - personnellement, tant qu'il ne m'embêtait pas, il me faisait rire chaque fois qu'il ouvrait la bouche - ainsi que mon Yasu-kun, de le retrouver aujourd'hui dans la salle commune. Et personnellement, j'étais assez inquiète depuis, parce que Rami ne m'avait parlé de rien, alors que j'étais quand même sa petite préférée.

J'arrivais donc essoufflée devant l'entrée de la salle commune de Poufsouffle, l'uniforme débraillée, ma queue de cheval faite à la va-vite presque complètement défaite, la respiration incontrôlable - autant j'étais vraiment douée en sport sorcier.. autant je remerciais le ciel de n'avoir pas été obligée de pratiquer des sports épuisants.. comme les sports moldus.. Mais quelle mauvaise amie j'étais ! Comment j'avais pu oublier ça ? Moi qui étais censée être toujours là pour Rami, comme il l'a toujours été pour moi ! Je me serai giflée si j'avais été certaine que je me serai fait mal - que voulez-vous, je suis poursuiveuse moi, pas batteuse. Je lus rapidement le petit mot de Cédric et entrai naturellement dans la pièce. Je me sentis immédiatement enveloppée par la chaleur ambiante et diffuse du feu qui crépitait dans la cheminée. Voilà pourquoi j'adorais passer du temps ici ! C'était chaleureux, convivial.. tellement que parfois, je préférerai passer mes heures ici plutôt que sur les bancs des salles de classe. Mes yeux se déposèrent rapidement sur la cheminée, profitant un maximum de ce changement soudain de climat - je n'irai pas jusqu'à dire que la température des couloirs de Poudlard en hiver avoisine sensiblement celle du Pôle Nord, mais presque. Puis, je vis que tout ce petit monde était rassemblé, chacun à sa place habituelle. Je soupirai ; apparemment, je n'avais encore rien raté. Je souriais à Rami en espérant qu'il ne pense pas que j'ai oublié pareille réunion de famille, puis vint m'affaler sans vraiment le faire exprès dans un fauteuil face à eux, à côté de celui de Jamie, en saluant tout le monde.

« Vous savez qu’il parait que le professeur Greedel se fait draguer en cours par un garçon ? Un certain.. Bastien je crois. »

Non pas que tout ce qui concernait mon adorable professeur de sortilèges ne m'intéressait pas, surtout que j'adorais ce genre de ragots - sans les lancer bien entendu, mais j'en savourais certains quand ils étaient vraiment drôles, mais je ne répondis pas à ce que venait de dire Cédric, même si j'étais vaguement au courant. J'avais le regard rivé sur Rami. Je ne pouvais pas m'empêcher de m'inquiéter de plus en plus. Il avait eu l'air si sérieux, si décidé.. Que pouvait-il avoir à nous dire de si important ? Peut-être qu'il avait tué quelqu'un.. qu'il allait être envoyé en prison pour trafic de botanique.. qu'il était en réalité un redoutable mangemort.. qu'il avait un enfant - bien que ça, j'en serai heureuse plutôt qu'autre chose, moi qui adore les enfants. Je me posais des tas de questions, tandis que je le voyais envoyer Jefferson sur les roses aussi royalement que d'habitude. Rami avait beau n'avoir que très peu de talents, dissimulés derrière son insolence qui faisait tout son charme auprès de ces demoiselles, on ne pouvait nier qu'il était un homme de belles paroles. Il avait toujours le mot qu'il fallait dire, autant pour rire que pour consoler. Alors pour l'instant, le voir continuer à prouver que personne ne pourrait rêver le battre aux vannes improvsées, ça me soulageait pour un petit moment. Mais j'avoue que je paniquais légèrement en imaginant ce que Rami allait nous annoncer..