tenue.

Quand on est petit, on a peur la nuit, parce qu'il y a des monstres cachés sous le lit. Quand on est plus vieux, les monstres sont différents : Doute de soi, solitude, regret... Et bien qu'on soit plus âgés et plus sages, on a toujours peur du noir. Elle avait peur, de beaucoup de choses, mais pas du noir, non contrairement aux autres, même enfant elle n'avait jamais craint l'obscurité. Au contraire, elle attendait toujours avec hâte que le soleil se couche pour laisser tomber la nuit, ainsi elle pouvait se libérer de ce poids, de cette chose qu'elle devait porter chaque jour, elle pouvait juste redevenir elle-même et profiter des quelques heures où elle se sentait agréablement bien, où elle n'était pas jugée par autrui, où elle pouvait supporter le fait qu'elle soit malade, que oui ce soit malheureusement tombé sur elle et pas sur quelqu'un d'autre. Quand la lumière refaisait surface, elle se levait et se cachait à nouveau, cachant derrière un beau sourire une tristesse qu'elle n'aurait pu décrire tant elle se sentait différente, mal, observée et repoussante. Au fond d'elle, elle en voulait à la terre entière de ne pas être comme tout le monde, de ne pas pouvoir jouer librement avec ses camarades, de ne pas pouvoir connaître l'amour comme toutes les filles de son âge. Le monde n'est pas fait que de merveille. Son contraire existe aussi. Et mieux que quiconque elle avait conscience de cela. Qui aurait pu imaginer qu'elle deviendrait un jour une personne dangereuse pour son entourage, que c'était une personne à craindre ? Personne n'est infaillible. Tout le monde commet des erreurs. C'est comme ça qu'on apprend, qu'on se construit. Nos erreurs sont source de joie. Il y a du bonheur dans l'imprévu, Dans ce qui ne faisait pas parti du plan, dans ce qu'on avait pas vu venir ... En grandissant elle avait fini par accepter, mais parfois, le passé est quelque chose qu'on ne peut pas lâcher. Et parfois, le passé est quelque chose qu'on va tout faire pour oublier. Mais oublier est un bien grand mot n'est-ce pas ? Elle ne parviendrait pas à oublier toutes les paroles blessantes qu'elle avait entendues à son propos, ce qu'on lui avait fait subir, ce qu'elle ne pouvait pas faire, des erreurs .. comme boire et finir ivre, ne plus savoir différencier le bien du mal, prendre des risques et se laisser tenter par un baiser.

L'obscurité commençait lentement à prendre place, faisant disparaître un à un les derniers rayons de soleil. Traînant les pieds en direction de l'infirmerie, une mince silhouette se dessinait dans les couloirs du château ; dae sun. Un petit pot rond entre les mains elle pénétra dans la pièce, tendant celui-ci à l'infirmière qui y déposa trois gélules de couleurs différentes, l'asiatique attendit qu'elle y ajoute de l'eau avant de les avaler et de quitter la pièce un faible sourire dessiner sur ses lèvres. Elle ne se reconnaissait plus. Où était passé toute cette joie de vivre, cette envie de rire avec les gens et de se moquer de tout et de rien ? Elle ne savait même plus qui était cette fille au fond du couloir, qu'est-ce qu'elle attendait ou ce qu'elle voulait. Elle avait juste l'impression de s'enfoncer toujours plus de ne plus savoir quoi faire. Non, elle n'allait pas bien, non, elle n'allait pas mal. Elle se sentait juste vide et c'était sans doute pire que tout. Elle ne cherchait pas à être heureuse, ni quoi que ce soit, elle voulait juste être elle-même, redevenir celle qu'elle était avant, avant lui, avant ce soir-là. Les jours passaient, le temps passait et pourtant elle n'arrivait toujours pas à oublier, à effacer définitivement cette image de sa mémoire. Elle pouvait se mentir à elle-même que peu de temps. Elle en était fatiguée, elle avait peur et ignorer ce qui aurait pu se passer ne changerait en rien ce sentiment de mal-être qu'elle ressentait. Tôt ou tard, elle devrait trouver le courage, assez pour lui faire face, elle avait envie de lui parler, de lui dire d'oublier et de faire comme si de rien n'était, mais dès qu'elle le voyait la panique s'emparait d'elle. Il n'y avait rien eu, il n'était pas allé jusqu'au bout de son geste et pourtant elle se sentait si mal, prendre conscience de la situation, se dire qu'un homme avait risqué de toucher ses lèvres. Si elle n'était pas elle, si elle n'était pas malade ça ne l'aurait pas dérangé, mais dans le cas présent la peur de contaminer quelqu'un l'effrayait bien plus qu'un simple baiser, oui le baiser ne touchait qu'une petite partie de l'angoisse, la plus grande était habitée par l'éclabouille. Ses pas se faisaient lent, trop de choses venaient dans sa tête, trop de choses qu'elle ne parvenait pas à oublier et qui refusait de la laisser tranquille, elle pensait sans cesse à lui, à ce qu'elle lui dirait s'ils venaient à se retrouver face à face, elle se demandait si lui aussi se posait autant de questions, s'il se sentait aussi déstabilisé qu'elle ou si au contraire il s'en fichait pas mal. A cet instant elle ne savait pas où aller, ce qu'elle devait faire, retourner dans sa chambre n'était pas la meilleure chose à faire pour penser à autre chose, alors quoi ? Puis mince, il était temps pour elle de dormir. Elle grimpa les marches du rez-de-chaussée, se retrouvant au deuxième étage peu de temps après. Échappant un long soupire elle s'arrêta soudainement en face de l'ascenseur, que devait-elle faire ? Marcher ou le prendre et risquer plusieurs sortes de mésaventures ? Hésitante elle appuya sur le bouton d'appel, pénétrant à l'intérieur de celui-ci et pressa le numéro trois. Dae Sun s'adossa contre l'une des parois, attendant silencieusement d'arriver à destination. Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent enfin, elle enclencha le pas rapidement, regardant autour d'elle à plusieurs reprises. Trop de bleu pour un étage destiné aux geobuk non ? Elle soupira, plaquant sa main contre son front avant de faire marche arrière, s'humectant les lèvres elle attendit que l'ascenseur reparte, mais la porte n'avait pas l'air de vouloir se fermer, relevant quelque peu le regard elle aperçue des chaussures et prit calmement la parole. « Si je te dérange, tu peux prendre les escaliers. » les secondes passèrent, mais rien, la porte ne daignait pas se fermer et la personne qui se trouvait devant ne bougeait toujours pas. S'en était trop, elle porta ses mains contre le torse de l'étudiant et le poussa en arrière, prenant à nouveau la parole. « Mais tu commences à m'énerver, je te préviens c'est pas le jour alors .. alors.. » elle déglutina difficilement, ses yeux se plongèrent dans ceux du jeune homme qui n'était qu'autre que kwang min. Serrant faiblement le chandail de l'asiatique entre ses doigts elle le tira à l'intérieur de l'ascenseur. Son coeur battait la chamade, elle ne savait pas quoi dire ou même quoi faire. Abaissant le regard, elle relâcha doucement le bout de tissu avant de venir coller son dos contre la paroie derrière elle. « Désolé .. » ..

tenue

Depuis quelques temps, une foule de chose occupait l’esprit de Kwang Min. Une foule de chose qui n’avait malheureusement aucun rapport avec les études, chose dans laquelle il excellait après tout. Non, ça concernait des relations sociales un domaine où il était moins doué, mais surtout où tout était drôlement plus compliqué. Tout n’était pas aussi simple qu’avec Byung Hee ou encore qu’avec Ae Mi, non si c’était simple avec eux. S’il savait plus que bien qu’il ferait n’importe quoi pour ces deux-là, peu importe sa lâcheté qui le caractérisait pourtant si bien, ce n’était pas le cas avec tout le monde. S’il y avait Min Hee qui était déjà un poids lourd dans la balance des choses qui occupaient l’esprit du jeune homme, il y avait pourtant une autre demoiselle qui réussissait à embrouiller les choses davantage ; Dae Sun. Depuis cette soirée, depuis qu’il avait accepté de faire entorse à ses règles non-écrites, ça avait changé. C’était différent et il n’aimait pas ça. Il n’avait ni le courage pour aller s’expliquer ni pour aller s’excuser. Il n’arrivait pas à faire face à cette demoiselle, tout comme il n’arrivait pas à avouer quoi que ce soit à Min Hee et à vrai dire, ce n’était certainement pas la Geobuk qui l’aidait à ce niveau là, bien au contraire ! Elle était une cause de soucis de plus et pourtant, il n’arrivait pas à lui en vouloir pour deux sous. Il se sentait coupable et terriblement confus. Ce qui était une raison de plus pour l’éviter, ce qui semblait être le plan d’action de la demoiselle en question de toute façon ! C’était comme un accord commun de ne pas chercher à voir l’autre et sans lui convenir totalement, Kwang Min devait avouer que c’était ce qu’il y avait de plus simple pour eux deux.

Pour s’aérer l’esprit le jeune homme avait décidé d’aller se promener dans le château. À vrai dire, il était en fait à la recherche d’Hazelnut, mais comme il ne retrouvait jamais cet écureuil quand il le recherchait, il fallait plutôt s’entendre sur le fait qu’il se changeait les idées. Le silence de la salle commune des Muneo qui le rassurait la plupart du temps lui semblait maintenant oppressant. Les seules personnes qui pourraient l’aider à aller mieux était sa petite soeur et son meilleur ami, pourtant, il ne pouvait pas se résoudre à demander leur aide. Parce que Byung Hee était un Geobuk et par conséquent, il risquait de tomber sur une des deux demoiselles qui le trouvait puis parce qu’il ne voulait pas mêler sa petite soeur à ce genre d’histoire. Tout ce qu’il voulait pour elle, c’était qu’elle aille bien et pourtant tout ce qu’il faisait semblait un peu empirer les choses. Elle semblait déjà jalouse de la relation qu’il avait avec Byung Hee pourquoi venir rajouter du poids sur son petit coeur déjà bien trop fragile ? Rien que de penser à ce qui pourrait faire du mal à sa petite princesse suffisait pour qu’il se rappelle que jamais il ne ferait quelque chose pour lui faire du mal de son plein gré et que par conséquent, elle allait être épargnée de ses problèmes. Sauf que si l’un ou l’autre ne pouvait pas l’aider, Kwang Min ne pouvait pas savoir qui le pouvait. Il n’était peut-être pas renfermé sur lui-même, mais il n’était pas non plus très à l’aise avec tous ceux qu’il connaissait. Du moins, il ne l’était pas assez pour parler de ce genre de problème. Il ne fallait pas lui demander de les affronter, il ne s’en sentirait probablement jamais vraiment capable.
Sa course pour s’aérer l’esprit ou pour trouver Hazelnut finit dans l’un de seuls lieux où il se sentait bien : la bibliothèque. C’était calme, c’était silencieux, bien qu’un peu oppressant pour le moment et ça regorgeait de choses qui pourraient le changer les idées ! Content d’y être arrivé sans trop avoir réfléchi sur la question, il prit le premier bouquin qui lui sembla intéressant avant d’aller s’assoir à une table pour le lire. Ce qui au final ne lui changea pas trop les idées, après tout, s’il connaissait Dae Sun, c’était parce qu’il l’avait aider pour ses cours et bien souvent c’était dans la bibliothèque. Si bien que ce n’était pas l’idéal pour faire le vide. Un peu démuni face à ce problème, le jeune homme décida finalement d’aller chercher la compagnie de quelqu’un qui pourrait le rassurer Byung Hee. C’était une présence dont il avait besoin et il en avait tout particulièrement besoin à ce moment-là. Il prit donc la direction de l'ascenseur, se disant qu’il y allait avoir trop de va et vient dans les escaliers. Il n’avait cependant pas prévu de tomber sur la personne qu’il avait évité avec tant de soin.

Alors qu’il voyait la porte s’ouvrir derrière un flot d’élèves bleus, il ne remarqua pas la petite tortue qui sortit et rentra dans l’ascenseur, si bien qu’il pressa le pas pour embarquer tout de suite. Ce serait moins long que d’attendre qu’il aille à un autre étage et revienne. Sauf qu’il y avait une personne dans l’ascenseur et en l’apercevant, Kwang Min se stoppa dans son élan bloquant la porte par la même occasion. Il ne savait pas s’il devait se pousser ou entrer et faire comme si de rien était. Immobile et dans le chemin de la porte son inaction semblant fâché la demoiselle qui prit la parole sans grande réponse de la part du jeune homme. Ce qui ne sembla pas améliorer son humeur puisqu’il se sentit poussé à l’extérieur de l’ascenseur plutôt rapidement... jusqu’à ce qu’elle réalise ce qui se passait. Visiblement, elle le reconnu bien assez rapidement et le fait qu’elle le tira à l’intérieur de l’ascenseur prouva qu’elle l’avait reconnu. Le regard bien dirigé vers le sol, il ne s’était pas attendu à ce qu’elle s’excuse et à vrai dire, il n’avait aucune idée de pourquoi elle le faisait. Néanmoins, elle allait rapidement comprendre le lâche qu’il était. « ... tu n’as pas à t’excuser tu sais... » C’était déjà miraculeux qu’il ait pris la parole de cette façon et qu’il la contredise d’une certaine manière. À croire que Hea Woo réussissait peut-être à faire quelque chose de lui ! Probablement pas, il ne fallait pas trop espérer non plus, mais c’était tout de même un excellent début venant de ce jeune homme. Il soupira légèrement avant de s’écarter de la porte pour aller s’appuyer sur le mur à l’opposé de la demoiselle. « Je crois que c’est à moi de m’excuser en fait... » Et pas seulement pour ce qui s’était presque passé, mais aussi pour la froideur dont il avait fait preuve et surtout sa lâcheté, il ne savait pas quoi dire d’autre. Il n’arrivait même pas à formuler les bonnes excuses. Vraiment, il était un bon à rien en ce moment et il fallait qu’elle comprenne qu’il n’y pouvait pas grand chose...

Le problème avec Kwang Min, c’était que même s’il voulait régler le problème, il n’en aurait jamais le courage. Ne sachant même pas ce qu’elle pensait de tout ça et bien trop effrayé pour y faire face, il préférait tout simplement l’éviter. Parfois il se demandait comment il pouvait aider les gens qu’il aimait s’il agissait toujours comme ça, mais à quelque part, c’était plus fort que lui. C’était bien connu que fuir était nettement plus simple qu’affronter ses peurs et ses problèmes. La lâcheté était certainement un vilain défaut, mais c’était celui de Kwang Min et il apprenait à faire avec. Sauf que voilà, ce n’était pas parce qu’il avait décidé, principalement par défaut puisqu’il ne voulait pas affronter la situation, d’éviter Dae Sun et de ne pas agir en homme, qu’il était sauvé du tracas que ça amenait. Bien au contraire, il était nerveux, terriblement nerveux, il ne cessait de penser encore et encore à ce qui s’était passé ou plutôt à ce qui aurait pu se passé. Il était confus aussi, peut-être que l’un allait avec l’autre, mais quoi qu’il en soit, il jugeait ne pas avoir besoin de tout ça sur les épaules. Le seul moyen de régler le problème serait probablement de l’affronter, mais autant enfuir tout ça au plus profond de son être, c’était plus simple après tout. Pas nécessairement plus plaisant, mais plus simple. Et la simplicité régnait en maitre dans l’esprit de n’importe quel être humain un minimum normalement constitué. Pourquoi se casser la tête lorsqu’il pouvait essayer de tout oublier ? Oui bon essayer était le mot clé parce que Kwang Min n’y arrivait tout simplement pas. Déjà qu’il avait bien du poids sur les épaules avec les différents qu’il y avait entre les deux personnes les plus importantes de sa vie en plus de Min Hee qui venait tout chambouler... maintenant on rajoutait une quatrième personne dans le palmarès de ses problèmes. C’était moins intéressant et en fait, il s’en serait bien passé. Tout ça ne l’aidait pas à bien penser et il commencer à manquer de ressource pour faire le vide dans son esprit. La seule personne qui y arrivait normalement faisant partie de la même maison que la personne qu’il évitait à tout prix. Pas qu’il allait s’empêcher de voir Byung Hee pour un problème, mais disons qu’il préférait essayer d’éviter de se rendre directement chez les Geobuk. Il ne voulait pas prendre de chance.

Or, la chance ne devait pas être son amie, pas qu’elle n’avait jamais été spécialement tendre avec lui, puisqu’il fallut qu’il décide de payer une visite à son meilleur ami et tombe sur Dae Sun pendant qu’il s’y rendait. Tomber sur elle alors qu’il était près du dortoir des Geobuk et où, d’une certaine manière, il pouvait trouver une excuse pour s’éloigner et fuir, c’était une chose être dans le même ascenseur qu’elle, c’était une toute autre chose. Après tout, il ne pouvait pas fuir, n’ayant pas eu le choix d’entrer et il ne pouvait pas non plus garder le silence. Ce serait terriblement déplacé de le faire et malgré sa lâcheté Kwang Min était bien élevé. Il se devait donc de faire un peu de conversation, si ce n’était que pour se montrer gentil à l’égard de la demoiselle. Seulement, une question résidait : parler de ce qui s’était passé ou d’une autre chose complètement ? Il avait une nette préférence pour la seconde idée, mais il savait que ce n’était pas ce qu’il devrait faire. D’autant plus qu’elle amena le sujet plus délicat en s’excusant. Jugeant qu’il était celui dans le tord, il lui dit qu’elle n’avait pas à s’excuser et que c’était probablement à lui de le faire, sans pour autant formuler une excuse directe. Soutenant son regard pendant un bon moment, il cherchait le courage en lui pour faire des excuses véritables. Il la regarda donc du coin de l’oeil alors qu’elle appuyait sur un bouton au hasard. À croire qu’ils allaient monopoliser l'ascenseur pour le temps de leur discussion. En entendant sa question, Kwang Min baissa le regard vers le sol. Que répondre à ça ? Il savait que c’était par lâcheté, mais il ne pouvait pas vraiment le dire. « J’en sais rien... vraiment. » C’était une mauvaise réponse qui ne les aiderait à se comporter en adulte, mais il fallait laisser le temps au jeune homme de ramasser son courage.

Un peu surpris lorsque Dae Sun affirma que de toute façon, ce n’était rien, Kwang Min eut beaucoup de difficulté à garder une expression calme et sereine. Elle pensait que c’était rien ? Vraiment ? Il ne savait pas s’il devait la croire ou se dire qu’elle lui contait une blague, mais quoi qu’il en soit, pour lui ce n’était rien et pourtant, il réussit à affirmer un faible : « Si tu le dis... » en guise de réponse. Ce n’était pas très glorieux, mais ce n’était pas lui qui allait la contredire si elle affirmait que ce n’était rien. Il s’en faisait pour rien visiblement. Cela dit, que ce soit la vérité ou pas, Dae Sun allait apprendre, à ses dépends, que ce n’était pas Kwang Min qui allait trop creuser. « Sauf que tu m’as évité... pourquoi ? » Si elle avait vraiment voulu lui parlé, elle aurait été capable, il en était certain. Il n’était pas très difficile à repérer dans les couloirs ou sinon, il était toujours dans la bibliothèque. Alors forcément, la demoiselle n’avait pas cherché à trop le côtoyer. S’il l’avait ignoré, elle en avait fait tout autant. Lorsqu’elle reprit la parole, elle réussit à attirer le regard du jeune homme vers le haut si bien qu’il braqua son regard directement dans celui de la demoiselle. « Non... bien sur que non. » Ça il était certain, elle ne s’était peut-être pas tellement améliorer lorsqu’il l’avait aidé, mais elle restait une personne dont la compagnie était plaisante, il ne voulait pas perdre le seul contact qu’il avait avec elle. « Tu.. t’es plutôt une bonne élève malgré tout. » Et ceci, bien que mal exprimé, était réellement un compliment.

Avec Kwang Min, il fallait se préparer à un manque de réaction, pas parce qu’il se fichait de tout, bien au contraire, seulement, il ne savait que très rarement les bons mots à prendre et lorsque ça arrivait, il préférait se taire. Alors autant dire qu’il n’était pas le plus bavard lorsqu’il était mal à l’aise. Puis disons que dans la présente situation... le malaise était assez profond, parce qu’il ne savait pas quoi penser ce qui s’était passé, ou même ce qu’il devrait penser de la demoiselle. Même si en soit, il ne s’était rien passé et même s’il s’était passé quelque chose, ce serait peut-être resté qu’au stade d’un baiser. Alors pourquoi était-il si confus ? Ce n’était rien, rien du tout, il n’avait pas quatre ans et ce ne serait pas son premier. Il n’avait donc aucune raison d’en faire tout un plat... non ? À vrai dire, il y en avait une après tout, s’il aimait Min Hee, il était supposé l’embrasser elle et pas une autre. Puis, il n’était pas si proche de Dae Sun, enfin, ils ne se connaissaient pas tant que ça. Leurs rapports avaient toujours eu un rapport avec les études jusqu’à cette soirée là... D’un côté ça prouvait probablement qu’il n’était pas qu’un prof de service et son élève, même si en fait ce n’était jamais vraiment ça considérant que Kwang Min n’était pas le meilleur professeur qui soit... mais de l’autre ça amenait des problèmes et il ne voulait pas y faire face. Parce que même si elle passait au stade d’amie puisque malgré tout elle avait quand même réussi à le trainer en dehors de l’école, elle était forcément plus que ça considérant ce qui s’était passé... c’était compliqué et même que ce l’était beaucoup trop à son goût.

D’autant plus qu’en personne, maintenant qu’il était devant elle, il n’arrivait pas à être plus clair dans son esprit et la discussion ne l’aidait pas. Dae Sun affirmait que ce qui s’était passé n’était rien et il n’allait pas la contredire. Qu’il pense le contraire ou non ne changeait rien, contredire n’était pas dans ses habitude et de toute façon c’était mieux penser que ce n’était rien. Ça rendrait sans doute les choses moins compliqués comme ça ? Dire que ce n’était rien et qu’il valait mieux passer à autre chose, c’était tout simple et pourtant même en acceptant ce qu’elle venait d’affirmer, on ne pouvait pas plus dire que c’était ce qu’il pensait lui. La preuve, il ramassa un peu de courage pour lui poser une question. C’était pathétique de voir à quel point il avait du mal avec tout ça. Il ne voulait pas la contredire, mais ne voulait pas non plus accepter ce qu’elle disait. La réponse à sa question fut pourtant décevante, sans trop qu’il ne sache pourquoi. Peut-être aurait-il voulu qu’elle lui donne une véritable raison ou plutôt qu’elle mette en mots ce qu’il n’était pas capable de dire. Oui parce, même si elle venait de lui confirmer son doute, comme quoi il ne croyait pas totalement que c’était rien autant pour elle que pour lui, elle ne le disait pas de vive voix et lui n’était pas capable de le faire. S’il était moins lâche, ce serait probablement différent, mais il était un lâche, c’était son pire défaut, celui duquel il ne pouvait pas se débarrasser complètement. « Peut-être bien oui. » Toujours flou dans ses dires, Kwang Min n’aidait probablement pas la situation. À quelque part, il se demandait bien ce qu’elle attendait de lui, mais probablement que la pression de le savoir le rendrait plus nerveux qu’il ne l’était déjà...

Soudainement une question se fit entendre, une question qu’il ne pouvait pas éviter et surtout, à laquelle il se devait de répondre. Y penser ? Bien sur qu’il l’avait fait, qu’il le faisait encore même. Ça aurait signifié quoi en fait ou encore qu’auraient-ils été après ça ? Parce qu’ils en faisaient tout un plat, beaucoup plus qu’elle ne l’avait sous-entendu en disant que ce n’était rien en tout cas, mais la situation aurait-elle été pire s’ils avaient été jusqu’au bout de leur geste ? Tant de questions trottaient dans sa tête sans même qu’il ne sache la réponse ou plutôt sans même qu’il ne veuille la savoir. Pourtant, il ne pouvait pas rester silencieux encore une fois ou encore se contenter d’une réponse courte et flou comme il l’avait fait depuis le début de la conversation. « Bien sur que j’y ai pensé, j’aurais pas pu faire autrement. » Et encore une fois, notons le fait qu’il n’aidait pas particulièrement à la discussion, mais en même temps, il avait beau y avoir pensé, probablement même trop pour son propre bien, il n’avait pas fait le vide et tout était encore terriblement trop confus pour tirer une conclusion. « Ce serait peut-être moins pire que maintenant... » Premier commentaire plus pertinent fait par le jeune homme ! Commentaire qui ne servait à rien considérant qu’il venait de se tendre complètement en voyant que Dae Sun s’approchait d’elle. Il ne s’objecta du moins pas ne se contenta que la fixer en silence beaucoup trop mal à l’aise pour son propre bien. Il ne savait déjà quoi penser se rapprocher ainsi de lui n’aidait en rien la chose. Néanmoins, il n’arrivait pas à la repousser, il n’en était tout simplement pas capable. Gardant son regard braqué sur la demoiselle, soutenant le sien, Kwang Min écoutait attentivement. Lâche ? Bien sur qu’il l’était, puis il y avait Min Hee. Pourquoi devait-elle toujours lui revenir en tête peu importe la situation ? Il n’avait pas besoin de mettre Dae Sun au courant de ce fait par contre. Il prit délicatement sa main avant de la repousser légèrement avant de demander : « Ce serait ce que tu voudrais ? Que je sois lâche ? » Avait-elle envie qu’il continue son geste ? Il n’allait pas pousser, il n’allait pas le faire. Il ne nierait pas être attiré par la demoiselle, il ne nierait pas l’apprécier, mais il n’allait pas le dire haut et fort même s’il voudrait bien être capable de le dire. « C’est juste... trop compliqué tout ça. » Voilà ce qui reflétait bien ce qu’il pensait en ce moment. Soupirant légèrement, il lâcha la main de la demoiselle avant de croiser les bras et la regarder avant de dire : « Puis t'es plutôt comme moi en fait, je ne sais même pas ce que tu pense réellement de tout ça... » Elle ne pouvait probablement pas voir tous les efforts qu’il faisait pour s’affirmer comme ça, mais ça lui en demandait beaucoup plus qu’on le pensait à la base.

À quelque part, Kwang Min se doutait bien qu’ils empiraient un peu le tout. Après tout, ce n’était qu’un baiser, rien de plus. Il ne savait pas ce qu’en pensait Dae Sun, mais ça n’aurait pas été son premier et en soit, ce n’était même pas dramatique. C’était ce dont il essayait de se convaincre encore et encore, sans vraiment réussir à le faire. Ce n’était même pas mieux maintenant qu’il se retrouvait devant la demoiselle, bien au contraire. Peut-être que s’il n’était pas aussi lâche tout ça ce serait mieux passer. Peut-être auraient-ils pu régler la situation plus facilement ? Sauf que voilà, il n’était que très lâche, il ne fallait pas espérer quelque chose de différent venant de lui, ça n’arriverait tout simplement pas. Cela dit, il se demandait si ça n’aurait pas été mieux s’il l’avait vraiment embrassé. Au moins, il aurait eu une raison de s’en faire avec tout ça ? Oui bon, ce n’était probablement pas la meilleure manière de voir les choses, mais au moins, comme ça, ça aurait eu le mérite d’être compliqué pour une raison. C’était d’ailleurs pour cela que Kwang Min formula cette manière de penser pour en informer la demoiselle, mais elle ne pensait pas de la même manière. Encore heureux que c’était dans cet ordre que la conversation avait lieu, oui parce que ce n’était pas le Muneo qui se serait affirmé contre ce que pensait la demoiselle. Au moins, miraculeusement, il avait eu le courage de réagir par rapport aux actions de la demoiselle. Il aurait pu ne rien faire, ne rien dire, ne pas réagir. Ça aurait été difficile, même pour lui, mais le manque de courage l’aurait aidé pour ça n’aurait probablement même pas été étonnant. « Pourquoi tu n’aurais pas eu le courage de me parler après ? » Si elle pouvait lui faire un dessin, il comprendrait. Enfin, il ne fallait pas nécessairement chercher avec le petit Kwang Min, s’il n’était pas autant à l’aise qu’il l’était en compagnie de Byung Hee ou Ae Mi, il devenait coincé et terriblement... innocent ? Non, ce n’était pas exactement ça, mais disons qu’il ne voyait pas les choses de la même manière, il n’avait pas la même facilité à agir avec les autres, c’était simplement différent.

Au moins, on pouvait lui décerner le mérite de ne jamais s’être préoccuper de la maladie de la demoiselle. Il l’aidait en cours, là où plusieurs personnes auraient refusé, il avait failli l’embrasser, en étant presque saoul certes, mais l’intention restait présente derrière l’alcool. C’était d’ailleurs ce qui l’inquiétait, non pas parce qu’il aurait pu attrapé la maladie de la demoiselle, mais bien parce qu’il craignait d’être plus attiré par la demoiselle qu’il ne voulait l’avouer. C’était idiot de sa part, mais il ne pouvait pas le contrôler. Ce qui l’effrayait davantage, avouons-le. Il fut d’ailleurs bien surpris lorsque Dae Sun lui affirma, qu’elle aussi était effrayée. Ça, il ne s’y attendait pas, mais pas du tout. Il la dévisagea d’ailleurs pendant un court moment, ne sachant pas trop quoi dire ou pire, quoi faire. Elle avait peur ? « Mais... pourquoi ? » Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? Voilà ce qu’il faisait depuis le début, il posa de question, il essayait de comprendre. Il était fort dans la compréhension, faible dans l’action. Il n’y pouvait rien, c’était comme ça depuis toujours. Il n’était pas fait pour agir, pas fait pour prendre des décisions. Kwang Min la regarda donc se laisser glisser sans rien faire d’autres que de la regarder. Il eut au moins le mérite de répondre à sa question en hochant assez vigoureusement de la tête. Bien sur qu’il voulait savoir ce qu’elle avait derrière la tête. Il ne comprenait même pas pourquoi elle demandait !

Cela dit, il avait beau vouloir savoir, ça ne l’aidait pas à savoir quoi répondre. Peut-être pourrait-il prendre la grosse tête en apprenant qu’elle pensait à lui sans arrêt ? Oui, il pourrait, mais étant ce qu’il était, il ne le ferait pas, évidemment. Kwang Min commença donc à se rapprocher d’elle en silence, réduisant la distance qu’il y avait entre leurs deux personnes pour finalement se laisser glisser à côté d’elle. Il aurait été son premier... Voilà qui changeait en partie la donne. Il se sentait mal, après tout, il ne méritait pas d’être son premier ? Il était là, il n’aurait rien fait pour lui rappeler ce qui s’était passé, il avait déjà bien du mal à assumer les sentiments qu’il a avait pour une autre demoiselle, alors imaginez-le avec ça par-dessus les épaules. Il retint un soupir et la regarda avant de dire : « Tu sais, je crois que je serais un bien mauvais premier baiser, tu mérites mieux. » Puis sans prévenir, il se releva un peu pour déposer ses lèvres sur son front, en guise de marque... d’affection, oui voilà. Certes en disant ça, il montrait bien qu’il faisait un peu fi de tout ce qu’elle pouvait ressentir, mais il avait raison, elle méritait bien mieux que lui. Elle méritait quelqu’un de brave qui saurait se pavaner avec elle, malgré tout ce que les autres pouvaient en penser ! « Je ne te demande pas d’oublier, je crois bien que je serais moi-même incapable de le faire, seulement... » seulement ? Il ne le savait même pas lui-même en fait ! il ne savait pas exactement ce qu’il voulait dire, n’arrivait pas à le faire d’ailleurs, mais il compléta tout de même avec autre chose : « Si je peux t’aider à oublier, je ferai ce que je peux. » Pour que ça redevienne comme avant, pour ne pas la perde en quelque sorte. Il voulait lui aussi oublier, mais il appréciait bien trop la demoiselle pour la perdre.