Enfer et damnation, le mauvais sort ou l’envoûtement. Il lui semblait qu'il était tombé pile dans un mauvais jour, un jour maudit. « Une malédiction est un état de malheur inéluctable qui semble imposé par une divinité, le sort ou le destin. » tout à fait. Depuis qu'il avait posé le pied sur le sol à la sortie de son lit, il avait senti que c'était un jour à rester sous ses couvertures. Malheureusement, il avait des choses à faire aujourd'hui et il lui était impossible de rester enfermé sous ses draps comme une grosse larve. Et puis, avouons-le, il était tout de même curieux de savoir de quel(s) grand(s) malheur(s) serait ponctuée sa journée. Il s'était levé et s'était préparé avec lenteur ; le premier malheur tomba. Il était en retard pour son premier cours de la journée, le seul et unique coté en travail journalier. Génial. Après être arrivé en classe, la sirène s'était platement excusée en marmonnant entre ses dents. Il avait ensuite été s'installer à une table libre, s'écroulant une nouvelle fois sur son bureau sans prendre le temps de suivre le cours l'espace de cinq petites minutes. Bien, il faudrait qu'il se procure une nouvelle fois les notes de quelqu'un d'autre, un muneo de préférence puisque ceux-ci prennent le temps d'écrire correctement sur leurs feuilles. Ils sont radins par contre, mais bon, un petit coup de pression et l'histoire est réglée, n'est-ce pas ? L'avantage de dormir pendant les heures de cours, c'est que celles-ci passent vraiment très vite. Lorsque la sonnerie retenti il se redressa, déjà réveillé depuis une dizaine de minutes, guettant qui était à ses côtés ; il vaut mieux tard que jamais, en effet. Pas très intéressant tout ça. La sirène respira un grand coup, remplissant ses poumons d'air pour finalement s'étirer et bailler tel un fauve. « ah parfait. ce serait possible que tu me files une copie de tes notes pour le prochain cours ? mais pas cette aprem, je sèche. » s'enquit-il auprès de l'octopus situé pas loin, à ses côtés. Il hocha rapidement la tête, n'osant pas repousser la demande de l'ineo. Toujours en train de trembler comme des tapettes ces bleus, divertissant, et surtout très pratique. Il se racla la gorge et se releva après avoir lâché un « bien. » sec et direct. Il ne prit pas la peine de remettre ses affaires dans son sac puisque, de toute façon, il n'avait rien enlevé de là. Économiser son énergie jusqu'au bout, y a que ça de vrai. Sans se faire prier il sortit de la salle, glissant ses mains dans ses poches. À croire qu'il avait quasiment oublié qu'il s'était levé avec la nette impression d'avoir le mauvais œil sur lui, comme si quelqu'un s'était éclaté cette nuit avec une poupée vaudou à son effigie. Qu'allait-il faire jusqu'au soir ? Il n'en savait foutrement rien. Il n'avait pas besoin de retourner à muddlake boulevard puisqu'il avait fait une petite descente quelques jours auparavant pour prendre un peu de weed. Le rouge pouvait toujours se trouver un coin tranquille pour fumer, mais se défoncer avant même de manger n'était pas une super bonne idée ; il le savait très bien, pour toutes les fois ou il s'était pris une sacrée gueule de bois en le combinant à l'alcool. Passer sa soirée sur les chiottes à attendre que la gerbe se pointe, franchement, il avait ça en horreur. À fortiori, manger avant d'aller se rouler un joint était une bonne idée. Peut-être même qu'il se trouverait un pote à accompagner sur le chemin, ou mieux, un plan à suivre pour la soirée. La sirène s'humecta les lèvres, descendant les escaliers rapidement tout en suivant la masse devant lui. Évidemment il y allait avoir du monde, mais bon, par chance les rouges se faisaient encore rares au temps de midi. Lui-même sautait souvent cette heure de repas la trouvant inintéressante au plus haut point comparée à celle du soir.

Finalement, tout allait bien. Le professeur avait accepté son retard – parce qu'il avait une peur quasi risible des ineo – et en plus il avait pu dormir correctement durant deux heures de cours. Il s'était trouvé un parfait larbin pour se remettre en ordre et il avait décrété, en deux minutes, qu'il ne participerait pas au cours de l'après-midi. Quoi demander de plus ? C'est quand même la belle vie de choisir son emploi du temps et de trouver des bonnes poires pour faire le travail à sa place. Les examens ? Allons, comme si cyrus avait réellement besoin d'étudier pour réussir. D'aussi loin qu'il se souvienne, il avait toujours relu ses notes – ou plutôt celle des autres – la veille, en s'endormant dessus le plus clair de son temps. Tout ça pour passer son examen le lendemain dans un état quasi déplorable. Parfois il se droguait même pour rester éveillé mais ça ne se finissait jamais comme il le voulait au départ. Quoiqu'il en soit ils n'étaient pas encore aux périodes d'examens et il n'avait pas de raison de s'en faire pour l'instant, d'autant plus que rien ne lui semblait vraiment compliqué. Sans doute parce qu'il ne prenait même pas la peine de savoir de quoi parlait ses cours actuellement. Non vraiment, ce n'était peut-être pas une si mauvaise journée que ça, c'était dérisoire de se baser sur un pressentiment, c'est ce qu'il se répétait depuis qu'il s'était levé. Il commençait de plus en plus à croire qu'il s'était tout bonnement trompé ou que sa bonne étoile avait finalement changé d'avis. Cyrus allait presque pousser un petit soupir de soulagement quand un cris se fit entendre derrière lui, une voix qui eut pour effet de lui faire dresser les cheveux sur la tête tant elle lui semblait connue et irritante. « CYRUS ! » pitié. La sirène resta figée l'espace de quelques secondes, fermant les yeux pour soupirer lentement. Tout semblait plus clair maintenant, c'était trop beau pour être vrai, évidemment. Il n'avait aucune sortie pour échapper aux griffes de son frère et dieu sait qu'il ne supportait pas ça ; être sa victime toute désignée. Il pouvait d'ores et déjà entendre les pas de son jumeau résonner derrière lui, avec toute sa délicatesse surnaturelle. L'ineo fit vole-face, imprimant un sourire cynique sur ses lèvres tout en croisant le regard de son double. Non vraiment, il ne pouvait pas toujours y échapper. C'était un signe de la toute puissance ; une vraie désolation. « tiens. t'as fini de jouer avec ton zizi ? si tu veux tu peux y retourner, je vais pas me vexer. » dit-il, se moquant ouvertement du yongwang. Ce n'est pas qu'il ne l'aimait pas, bien au contraire. Cependant, iseul était tellement spécial - et le jaune devait se dire exactement la même chose à propos de son frère - que quelque chose en lui le repoussait de son propre sang, de son propre jumeau. Une entité supérieure, comme si le plus idiot des deux était possédé par quelque chose. Le rouge s'humecta les lèvres, désespérant déjà de savoir que son vis-à-vis déciderait certainement de le coller une bonne partie de la journée pour lui raconter ses mésaventures, ses coups d'un soir et ses anecdotes totalement dépourvues du moindre intérêt. Cy perdit finalement son sourire, reprenant son sérieux en un temps reccord. « non plus sérieusement, qu'est-ce que tu me veux, t'as pas cours  ? » autrement dit, dégage.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’iseul était capable de tenir une conversation à lui tout seul. Pas besoin de parler, non, inutile d’intervenir. De toute façon il était quasiment impossible de pouvoir en caser une en sa présence ou même d’espérer pouvoir en caser une par-ci par-là, mine de rien. Non seulement il aimait se venter mais également brasser du vent pour ne rien dire, comme s’il avait besoin d’attirer l’attention sur lui et d’avoir un certain taux de reconnaissance sans quoi il se sentait vraiment mal. Ses histoires étaient rarement intéressantes et elles se finissaient toujours de la même manière ; platement. Finalement iseul ne changeait pas au fil du temps, déjà petit, il était exactement comme ça. Parfois même il s’inventait des histoires sorties de nul part pour tenter d’impressionner les gens qui l’entouraient en faisant son petit monde ; son frère en premier, évidemment. Comme si quelque chose le poussait à vouloir briller de mille feux, tout comme son double, mais d’une autre façon – à sa propre façon, en fait. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le rouge était habitué. En fait, de toutes les personnes sur terre c’était bien lui le plus familiarisé et le plus blasé de toutes ces conneries. Au fond, il le savait, c’était son frère, son sang et sa chaire et jamais ça ne changerait. Malgré tout le mal ou toutes les mauvaises choses qu’il pouvait dire ou penser à son sujet, il n’en restait pas moins attaché. Hors de question qu’on fasse du mal à iseul, pas devant lui en tout cas. C’était plus fort que son esprit ou sa petite conscience, ça réveillait quelque chose de brutal et d’hargneux au fond de son corps comme si on venait de s’attaquer à lui en personne. Peut-être que c’est ça les liens si profonds et compliqués entre les jumeaux ? Oui, certainement même. La sirène avait planté ses prunelles noisette dans celles de son frère, le regardant parler sans même reprendre sa respiration. Il devait avoir un caisson à oxygène supplémentaire dans son corps ou peut-être qu’il s’était fait enlevé par les extraterrestres pour être génétiquement modifié. Voilà pourquoi il était aussi bizarre, ça devait expliquer pas mal de choses, ouais. Plus il parlait, plus cyrus avait envoie de lui lancer des railleries, un peu piquantes certes, mais utiles à lui faire comprendre qu’il n’avait pas la moindre envie de l’entendre toute la journée, encore moins si c’était pour raconter qu’il était un dieu grec ou qu’il y avait une foutue théorie entre lui et une certaine yunikon. C’était ridicule et il ne s’en rendait même pas compte. Cy s’était contenté de lui demander s’il n’avait pas cours ou autre chose d’intéressant à faire pour le laisser tranquille, retenant tous ses commentaires au fond de sa gorge pour ne pas blesser le dragon – bien qu’il doutait encore de la véracité de la chose ; était-il seulement possible de blesser iseul ae ? « aucune idée » lui avait-il répondu. Bon, ben ça commençait bien. Il ne savait même pas s’il avait cours ? C’est à se demander comment il avait fait pour arriver jusqu’ici, parfois. Cyrus n’était pas vraiment du style studieux mais il prenait au moins la peine de se rendre en salle de classe, ne fusse que pour dormir sur son bureau sans prendre la peine de noter quoique ce soit et y faire acte de présence. À la différence, iseulie ne savait même pas où se trouvaient ses maudites salles de classe. Bien évidemment ce n’était pas important pour lui, comme s’il attendait l’apparition d’une entité supérieure, une espèce de deus ex-machina qui lui dirait exactement quelle voie emprunter pour briller comme une étoile et tracer sa route de la manière la plus parfaite qu’il soit. Il était naïf et peu mature, tout simplement, ce genre de chose n’existent pas après tout. Peut-être qu’iseul attendait simplement l’amour ? Encore plus ridicule, une vraie fleur bleue ce môme. « et puis tu sais quoi ? j'ai décidé qu'aujourd'hui j'allais rester avec toi. » pitié. Quel enfer. Le rouge ferma lentement les yeux comme s’il venait d’entendre un juge prononcer sa sentence. Qu’avait-il fait de mal pour en souffrir autant, pour être puni de cette façon ? Bon d’accord, il était un beau connard mais tout de même, ça c’était un coup de pute qui méritait bien plus que sa « connarditude » de tous les jours, non ? Il s’humecta lentement les lèvres avant de glisser ses mains dans les poches avant de son pantalon, plantant une nouvelle fois son regard dans celui de son jumeau. « quel honneur. bon sang. je suis tellement heureux si tu savais. » bon, on pouvait tout à fait lire autre chose sur son visage mais ce n’était pas bien important, dans le fond. Iseul devait bien se rendre compte que cyrus n’était pas toujours très enclin à vouloir supporter sa présence trop longtemps. Parce qu’il est un boulet fini qui parle bien trop et que, bien qu’ils soient physiquement identiques, leur caractère est tout à fait opposé. Une erreur de la nature sans doute, ou alors un beau coup de pute de sa part. Pas étonnant, faut bien qu’elle se venge des atrocités quelques fois.

Il inspira longuement, se balançant sur ses pieds alors que son frère lui posait l’ultime question ; est-ce qu’il avait cours ? Le rouge fit mine de regarder l’écran de sa montre avant de railler « puisque tu ne sais toujours pas lire le cadran d’une horloge comme un grand je vais t’aider ; il est l’heure de bouffer, chez moi. » puis il tourna les talons, suivit –malheureusement pour lui- de son frère. C’est qu’il comptait bien l’accompagner, non ? Il devait prendre sur lui, juste une partie de la journée à le supporter pour tout le reste où il l’ignore comme un possédé, ce n’était pas vraiment cher payé, il le savait. Une fois au réfectoire il en serait débarrassé puisque techniquement chaque maison avait sa table et il n’était pas conseillé à un jaune de s’asseoir à la table des rouges. Au fond, son plan était terriblement judicieux et il se remerciait mentalement d’y avoir pensé. Voilà, il se sentait mieux, heureux, si bien qu’il avait même envie d’adresser la parole à son frère de manière joviale mais toujours sarcastique. « au fait, comment tu peux parler de la théorie de newton alors que tu sais même pas qui c’est ? » il s’arrêta net, se penchant vers son frère pour sourire tout près de son visage « à moins que tu te prennes pour une pomme ? » il se mit à rire, ne cherchant même pas à s’expliquer auprès de son abruti de double, reprenant sa route vers le réfectoire. Ils n’étaient plus très loin et déjà il pouvait entendre le bruit des couverts qui cognent contre les assiettes ou les verres – bizarrement – un bruit cristallin mais pas très délicat. Cyrus pénétra dans l’immense salle, iseul sur ses talons et il gonfla sa cage thoracique d’air. Houlà. Ça sentait le légume tout ça et il détestait par-dessus tous les légumes. Lesquels ? Tous ! Tous ceux du monde en tout cas et comme seulie n’en avait pas ramené de sa planète extraterrestre c’était parfait. Il grommela entre ses dents, c’était bien sa veine. Il allait devoir trouver un stratagème divin pour se débarrasser de ces immondices verts et oranges. Oh, attendez. Il se retourna vers son frère, la voilà la bonne idée, non ? « deal, si tu bouffes mes légumes je te laisse t’asseoir à côté de moi. » peu importe la table au fond, il pouvait bien faire des concessions et iseul pouvait bien en faire pour son adorable frère. Seulement il fallait toujours qu’il surenchérisse. Ouais, donnez-lui la main et il vous bouffera le bras jusqu'à l'omoplate. « et je passe le reste de la journée avec … avec. » allez … tu peux le faire, il suffit de prendre un petit peu surtout « … toi. ou une partie du moins, ouais. bon. » tout se paie, ouais, absolument tout. Et puis, il savait que le dragon n’allait pas refuser cette offre, surtout qu’il y gagnait tous les bénéfices et tout ça pour manger un peu de légumes. Mais voyons plutôt le bon côté des choses; après l’avoir supporté pendant plus de vingt ans, quelques heures en sa présence ne devraient pas le tuer techniquement parlant.