« Au cours d’une longue et discrète observation, je crois être venu à bout du cas « Jensen ». Ne vous en faites pas, je ne suis pas un chercheur, ni quoique ce soit d’autres de la sorte ! En vérité, ce grand garçon m’aura donné du fil à retordre. Je vous explique. Lorsque vous le croisez pour la première, dans les couloirs encombrés du pensionnat par exemple, vous n’avez qu’une envie : vous coller au mur et ne pas bouger du tout, de peur de lui barrer le passage. Toutefois, vous seriez un individu rempli de préjugés, dans ce cas. Ensuite, au stade supérieur, vous devenez l’un de ses camarades de classe. Pendant les heures de cours, il n’ouvre pas souvent la bouche, quelques fois pour dire des bêtises, mais la plupart du temps pour participer. Et ses bêtises font rire, évidemment, et c’est certainement ça le pire. Toutefois, vous pouvez y trouver une explication, si vous prenez le temps de venir lui parler un peu plus. Bon, il vous enverra peut-être balader, mais un petit rien pourrait le faire changer d’avis. Si vous passez outre la barrière de son apparence bourrue, vous découvrirez quelque chose de bien étonnant : comme vous le savez sans doute, dans la race adolescente, il y a ceux qui sont des blaireaux et ceux qui jouent les blaireaux. Et, contre toutes attentes, Jensen fait partie de la seconde catégorie. Il est loin d’être un élève imbécile, au contraire, ses notes sont loin d’être mauvaises. Pourtant, il a grandi avec tout un tas d’autres garçons qui eux, étaient réellement des blaireaux. Mais il les appréciait, du coup, il s’est transformé en blaireau, juste pour eux. Absurde, dites-vous ? Non, je ne crois pas. C’est une belle marque d’amitié, bien qu’on puisse souvent la confondre à de l’hypocrisie. Mais sachez une chose : être hypocrite, c’est un truc de filles. Si, si, je vous promets, croyez-en mon expérience ! Voilà, une fois que vous avez découvert ça, vous avez fait un bon bout de chemin. Sachez aussi qu’il joue les glandeurs, toujours renfrogné. Mais, une fois de plus, si vous insistez un peu, vous verrez que ce n’est qu’un masque puéril. Histoire de voir si vous valez la peine qu’on s’attarde sur vous. En fait, je crois bien que lui aussi passe ton temps à étudier le comportement des autres. Oui, lui, qui se qualifie d’apôtre de la connerie humaine … Ne croyez pas non plus qu’il est parfait, loin de là ; j’ai eu le malheur d’apprendre que les remarques déplacées et les références licencieuses qu’il peut avancer sont fondées et bien souvent pensées. Ses conquêtes volages sont nombreuses. Ça doit être son côté classe, ça fait des merveilles auprès de la gente féminine. Et masculine, aussi. Je crois qu’il se fiche pas mal du genre, quand il a envie de passer la nuit (ou la journée) avec Untel, il passe la nuit (ou la journée) avec Untel … C’est déconcertant. Pourtant, j’ai longuement réfléchis et je suis parvenue à cette supposition : je suis certain que lorsqu’il dénichera celui ou celle, genre the only one, il sera tout simplement incapable de le ou la toucher. Oh, comme ce sera romantique ♥ »