12h20. Son prochain cours était seulement dans deux heures, ce qui lui donnait amplement le temps de dîner. D’autant plus qu’elle était affamée, puisqu’elle n’avait pas mangé ce matin. Elle avait eu cours très tôt et à peine quinze minutes entres son premier et son second. Hors, le réfectoire fut donc le premier endroit où elle alla directement après son second cours. Malheureusement, c’était l’heure où il y avait généralement foule et bien que Jinnie aimait être entourée, elle détestait néanmoins lorsque c’était trop bondé. Et puis, se trouver une place n’était pas non plus des plus évidents, car certains élèves réservaient des places pour leur compagnon, tandis que d’autres s’étalaient tellement qu’ils prenaient de la place pour deux voir parfois trois personnes. L’idéal était donc d’espérer trouver des gens qu’elles connaissaient, histoire qu’elle puisse déjà savoir qu’une table l’attendait. Mais essayer de trouver ses propres amis dans une salle aussi énorme, n’étant même pas sûre que ceux-ci étaient cours ou pas, ça devenait difficile. Hors, le meilleur moyen était tout simplement d’attendre pour son repas et de s’asseoir là où la première place vide se présentait. Et c’est ce qu’elle fit, puisqu’une fois son repas en main, elle commença à déambuler entre les tables. C’était incroyable comment tout le monde était dans leur petit groupe. Mais Jinnie se voyait mal demander gentiment à l’un d’eux s’il y avait une place de libre. De un, parce qu’elle n’aimait pas toujours non plus que les gens s’intègrent dans son petit groupe d’amis, spécialement lorsqu’elle avait des conversations qui leur était propre et de deux, parce qu’elle se sentirait tout simplement comme inutile ? Heureusement, elle aperçue au loin un groupe de trois amis qui venaient tout juste de terminer leur repas. Ils étaient en train de se lever et sans attendre, Jinnie partie en leur direction, comme si elle voulait avoir cette place pour elle. Ce qu’elle eut. Par conséquent, elle pu commencer à savourer son énorme portion, ses yeux parcourant très souvent une partie de la salle ainsi que tous ces allers-retours dans l’espoir de voir un de ses proches faire son entrée. Dans tous les cas, son petit manège dura près de dix minutes, pour finalement poser son regard sur une tête qu’elle cru reconnaître. Ji Hoon. Il était présentement avec quatre de ses amis à quelques tables de la sienne. Seulement, il ne mangeait pas. Peut-être avait-il cours dans peu de temps ? Quoiqu’il en soit, il ne semblait pas avoir remarqué Jinnie et celle-ci ignorait depuis combien de temps il était là, ne l’ayant pas remarqué plus tôt.

Ji Hoon est en quelques sortes un des amis d’enfance de Soo Jin. En fait, cela fait un long moment qu’ils se connaissent. Même qu’étant plus jeune, ils se considéraient comme des amoureux. Elle le vantait auprès de ses parents et de son frère, comme s’il avait été la chose la plus belle qui lui soit arrivée. Bien entendu, cela était de toute innocence puisqu’à ce moment-là, ils étaient encore dans l’âge de croire que c’était en s’embrassant que l’on faisait des bébés. Mais aujourd’hui, cela a changé. Oh, ils sont encore très proche même que la demoiselle se faisait appeler « princesse » par celui-ci. Il est d’ailleurs un peu comme son confident; hyper câlin, toujours là à vouloir la faire sourire. Et pourtant, depuis un certain moment, la jeune Muneo avait l’impression qu’il avait changé à ce niveau. Ils se voient moins, il lui offre moins de temps… elle avait comme l’impression de se faire un peu délaissé et ce, depuis qu’il s’est trouvé une copine et depuis l’arrivée de son frère. En fait, ça la frustrait. Ça la frustrait de se faire constamment dire qu’il était pressé, qu’il était attendu alors qu’elle aussi voudrait passer à nouveau des journées entières avec lui.

« On peut s’asseoir ou tu attends quelqu’un ? » Elle sortit de ses pensée, posant son regard sur la personne qui venait de parler. « Hein, quoi ? … Ah euh, non c’est bon, c’est libre. » avait-elle lâché en se redressant. Pendant un moment, elle avait presqu’oublié qu’elle était dans le réfectoire. Si elle était contrariée ? Oui, un peu. Du moins, en arrivant ici elle ne l’était pas, mais le fait de voir son ami devant elle, l’avait soudainement faite plonger dans ses pensées à son propos. D’ailleurs, celui-ci semblait l’avoir enfin remarqué puisqu’il regarda en sa direction et d’un simple regard, Jinnie l’invita à venir vers elle. Néanmoins, il s’était tout de suite retourné vers ses amis pour finalement les quitter et se diriger vers la sortie. Hum ? Elle soupira. Il semblait pressé sur le coup. Néanmoins, Jinnie ne se gêna pas pour aller vers ses amis qui étaient encore à leur table afin de leur demander où est-ce qu’il allait. Après tout, ils devaient le savoir... « Hm, Ji Hoon, il est parti où ? » Et en un rien de temps, l’un d’eux lui répondit qu’il s’apprêtait à aller en cours. Nouveau soupir. Ce n’était pas la première fois qu’il la saluait comme ça de loin, à la va vite. Mais dans tous les cas, la jeune Muneo s’empressa pour aller le rejoindre. Puis lorsqu’elle fut à sa hauteur, elle lui prit doucement le bras pour lui faire signe de présence. « Hey, tu vas où ? T’as l’air pressé. » lui demanda-t-elle en toute innocence. « ‘Fin, peu importe. Je voulais juste savoir si tu avais un peu de temps pour moi, maintenant. Mon cours n’est que dans quelques heures, alors.. »

« Hé, Ji Hoon ! Viens manger avec nous, et que ça saute ! » Lança un de ses amis dans une voix assez forte pour qu’il puisse être en mesure de l’entendre.

Il faut dire que le refétorium était résolument une fourmilière lorsque l’heure des repas arrivaient. Rien d’étonnant il faut dire. Après avoir passé tant d’heures à plancher sur des écritures quelques peu nébuleuses de runes, voir avoir épuisé son esprit en ayant voulu cerner le mystère de la divination ou tout simplement après avoir usé de ses pouvoirs dans un cours de métamorphose ou de DCFM, il était évident que tout élève digne de ce nom n’avait qu’une chose en tête : s’alimenter et s’aérer l’esprit avec ses amis dans un lieu quelque peu convivial. Autant dire que le lieu ci présent, était tout destiné à cet usage et tout le monde le savait. Il était alors pleinement difficile de retrouver parfois ses amis dans cette masse d’élèves et bien que les anciennes grandes tables en bois réservée à chacune des maisons fussent dorénavant remplacées par des tables en granit blanc, cela n’aidait pas mieux à se retrouver parmi les personnes présentes dans la pièce, debout ou assises, pour ne pas dire une erreur. En effet, même si les tables étaient réparties chacune pour chaque maison, il n’en restait pas moins qu’au petit déjeuner et au déjeuner, la plupart des élèves préférés se rassemblaient en clan et conséquence de tout cela, il n’était pas rare de voir cinq personnes venant de maisons différentes être réunis sur le banc d’une table de la maison d’un. Il se contenta alors seulement de sourire à son ami d’un air amusé, tandis que ce dernier lui faisait des grands gestes pour lui indiquer son emplacement, comme si son un mètre quatre vingt ne lui permettait nullement de l’apercevoir parmi cette masse de monde. Étant donné qu’il n’avait promit de manger avec personne en particulier, ni même avec son jumeau, il se rendit donc sans hésiter à sa rencontre, ressentant quand même une légère déception. Ce n’est pas qu’il n’aimait pas ses amis, c’était même bien loin d’être le cas, seulement depuis l’arrivée de Su Gin dans les couloirs de l’école, il devait lui-même reconnaitre qu’il avait tendance à les laisser de côté. Oh bien sur, cela n’était nullement intentionnel de sa part mais il avait tellement l’impression qu’il lui faudrait des années pour tâcher de lier des liens avec son jumeau, qu’il ne voulait pas perdre une seconde. Nul dans cette école, si ce n’est Noa pouvait comprendre à quel point la présence de son double lui faisait horriblement du bien.

Après tout, qui aurait pu penser que l’être si déconneur, si tendre, si adorable caché au fond de son être une blessure profonde qui n’avait eu de cesse que de s’approfondir au fil des années. Qui pourrait songer un seul instant que ce garçon à qui pourtant la vie souriait, se trouvait être si mélancolique, victime d’une impression de manque qui ne semblait point avoir de fond. Un manque, un vide qui avait eu des séquelles sur sa personne et dont il était en mesure désormais d’en comprendre la raison. Son frère, Su Gin, c’était sa présence à lui qui lui avait manqué au point que son subconscient le réclame, l’intime à le récupérer. Et dire qu’il n’avait fallu qu’un simple regard pour que cette douleur semble disparaitre comme ma magie. Même encore à l’heure actuelle, il se souvenait avec quelle spontanéité, il avait voulu le prendre dans ses bras, sans avoir eu la possibilité de le faire. Comme le jour et la nuit, ses deux êtres semblables étaient telles les faces contraires de l’autre, tel le jour et la nuit ou le ying et le yang. Il était donc évidant que cela allait mettre du temps pour qu’ils puissent construire quelque chose ensemble, qu’ils puissent récupérer le temps qu’ils avaient perdus en vingt années d’existence séparés l’un de l’autre. Il comprenait donc que certaines personnes aient l’impression qu’il les abandonnait mais en réalité, c’était tout simplement loin d’être le cas et chacun ne se gênaient nullement de lui faire savoir. C’est d’ailleurs ce que firent ses amis alors qu’il s’installait dans un sourire tendre sur la place libre qu’un de ses amis lui avait fait.

« Ah enfin tu pointes le bout de ton nez, depuis l’arrivé de ton frère, c’est à peine si on a le temps d’échanger quelques mots avec toi ! » Lui lança son pote dans une pique bien amicale en lui tapotant l’épaule.

Il se contenta alors seulement de sourire, amusé par cette remarque. Bien entendu, il savait qu’il y avait un petit peu de frustration dans la voix de ce dernier mais quelque part au fond de lui, il se disait résolument que son ami comprenait pleinement sa décision. Il faut dire qu’entre sa récente nomination au poste de Capitaine après le départ de l’ancien, ses cours, sa petite amie et son frère, le temps semblait royalement lui manquer pour ses amis. Il ne pouvait nier qu’il se sentait quelque peu frustré à cette idée mais il espérait vraiment avoir été assez présent pour aider quelques amis si ceux-ci avaient eus des problèmes. Car qu’importe s’il était ultra overbooké, il voulait toujours être en mesure d’être là pour ses amis. C’est pour cela qu’en signe de réponse, il se contenta seulement de lui donner un léger coup d’épaule dans un sourire en lançant d’humeur joueur.

« Je vous manque tellement ? Que c’est adorable… mais je sais bien que je suis irremplaçable ! Je vous le redis, je suis le maitre de cette maison ! Mais n’ayez craintes, chers sujets, je vous promets de répondre présent à votre appel, je serais toujours des votre. Car que ce soit contre vent et marée, une véritable tortue sera toujours capable de faire face à toutes les situations qui se présente devant elle. Je vaincrais comme toujours et tâcherais de répondre à vos attentes, chers amis ! »

Son monologue eut le don totalement improvisé et déconneur eut le don de faire rire ses amis ainsi que la plupart des spectateurs présents à la table. Tirant la langue d’humeur taquin, il n’hésita nullement à piquer quelques pates dans l’assiette de son voisin avec ses baguettes avant d’avaler quelques morceaux de bœuf de l’assiette qui se trouvait au centre de la pièce. Avalant sa bouchée avec empressement comme si le diable était à ses trousses, il ajouta en signe de réponse plus sérieuse dans un sourire entendu.

« Désolé les copains, je sais qu’en ce moment je ne suis pas trop présent mais entre les cours, mon attribution au poste de capitaine, Mee Na et Su Gin, c’est dur de tout gérer. Mais je serais toujours là pour vous ! J’espère que vous en avez conscience, n’est ce pas ? »

Pour seule réponse, il eut droit à des rires amusés et des tapes dans le dos alors qu’ils lui disaient qu’ils déconnaient et comprenaient mais qu’ils espéraient seulement le voir plus souvent. Après tout, ils ne voulaient nullement point intervenir dans son emploi de temps de ministre. Cette remarque le fit rire avec ravissement alors qu’il en profiter pour se remplir le ventre.

« Eh Ji Hoon, t’as une admiratrice ! Une belle muneo à 6 heures, très jolie, d’ailleurs. » Lui lança son ami en face alors qu’il lui faisait un petit signe de tête pour qu’il se retourne.

Souriant amusé à sa remarque, il se contenta seulement de tourner la tête pour rencontrer le regard de Soo Jin, une amie d’enfance, sa petite princesse. Il en profita d’ailleurs pour lui faire un coucou de la main et s’apprêtait déjà à aller la saluer plus dignement lorsqu’il sentit la main d’un de ses camarades de cours venir se poser sur son épaule en lui lançant.

« Dis Ji Hoon, le professeur de potions voulait pas te voir avant le début des cours ? »

Et flute, il avait complètement oublié la convocation du professeur. Il n’avait d’ailleurs nullement aucune idée de ce qu’il lui voulait mais s’il ne voulait pas passer un mauvais savon, il était plus prudent de s’y rendre immédiatement. C’est donc déconcentrer de son objectif qu’il posa son regard sur sa montre magique qui lui indiqua que son premier cours de l’après midi allait sans aucun doute commencer sous peu. Et flute de nouveau, il fallait absolument qu’il fille. Ça lui apprendrait à trainer pour se rendre au réfectorium. Il se contenta alors de prendre entre ses doigts un morceau de pain dans lequel il mit quelques morceaux de bœuf et se leva précipitamment en lançant.

« Désolé les gars mais je dois filer, j’ai cours dans même pas une demi heure et le prof veut me voir avant. A plus. »

Le morceau de pain entre les dents, il se précipita hors de la pièce, s’excusant et zigzaguant entre ses camarades pour se trouver un chemin vers la sortie de la pièce. Seulement il sentit une main fine venir se poser sur son bras, stoppant ainsi sa course vers la sortie en l’obligeant à faire face à la demoiselle qui était à l’origine de son geste. Surprit un de ses sourcils s’était surélevé alors que son regard croisé celui de son amie qu’il avait croisé des yeux quelques minutes auparavant. Elle lui demandait où il se rendait, trouvant qu’il avait l’air pressé. Oui, on pouvait dire qu’il avait quelque chose à faire mais cela n’allait pas lui couper un bras de lui parler quelques secondes, venait-il de songer. Voila ce qui arrivait quand on passait son temps à courir à droite à gauche. Autant la remarque de la jeune femme aurait sans aucun doute pu passer inaperçue à ses yeux, démontrant ainsi qu’elle était passablement irritée et frustrée de son non intérêt pour sa personne, autant après ce qu’elle ajouta, il ne pouvait point rester aveugle.

Gêné par la situation, plus par son comportement que par autre chose, il se contenta seulement de la prendre tendrement dans ses bras dans un premier temps. Souriant faiblement alors que certains regards s’étaient posés sur eux, il ne fit nullement attention à ceux-ci, ayant résolument l’habitude qu’on colporte des rumeurs sur ses infidélités. A croire qu’ils n’avaient pas compris quel genre d’homme il était, s’en était presque désolant. Il soupira donc doucement alors qu’il lui caressait doucement les cheveux en murmurant doucement près de son oreille.

« Pardon… » Se contenta-t-il de répondre dans un premier temps. « Je sais qu’en ce moment je ne suis pas très présent pour toi. Je dois avouer que je passe ma vie à courir de droite à gauche sans m’arrêter… mais ce n’est pas une raison. » Poursuit-il doucement alors qu’il relâchait son étreinte autour de sa taille pour se reculer un peu et observé son regard. « Tu sais bien que je serais toujours là pour toi, princesse, n’est ce pas ? »

Son regard était tendre tout comme son sourire alors qu’il lui tapotait bien gentiment la tête comme s’il faisait face à une petite sœur, une amie qui lui était plus que précieuse. Après tout, Soo Jin n’était pas sa petite princesse pour rien. Souriant plus sincèrement à cette pensée, il se contenta seulement d’ajouter.

« Si ma princesse préférée veut me parler de quelque chose, je crois que le chevalier servant que je suis va devoir se trouver une excuse pour éviter une punition digne de ce nom. Mais que ne ferait-il pas pour voir le sourire de sa princesse après tout ? »

Il ponctua ses mots dans un clin d’œil amusé et tendre alors qu’il lui prenait la main pour la conduire au dehors du réfectoire pour s’installer sur un banc qui trainait non loin de là, dans un coin quelque peu calme. Il l’invita donc à s’asseoir et fit de même, tournant enfin son regard vers elle, en attendant patiemment une réaction de sa part.

Visiblement, elle aurait préféré le croiser ailleurs qu’au réfectoire, voir ailleurs, autre que dans un lieu public. Non, elle n’était pas timide, c’est juste qu’elle n’aimait pas trop sentir des regards sur elle et des oreilles entendre ce qu’elle lui disait. Ça ne les regardait pas. Ça ne regardait personne d’ailleurs. Et le simple fait d’être consciente que n’importe qui pouvait écouter le moindre de ses mots en prétendant ne pas le faire, l’agaçait. En plus de cela, il était entouré de ses amis et déjà, elle se disait que c’était peine perdue pour elle, pour avoir ne serait-ce qu’une petite heure. Parce que sa petite copine et que son frère était là, parmi ses amis et qu’elle avait l’habitude à totalement passer en dernier face à eux. Ce pourquoi elle lui avait casiment couru après ne serait-ce que pour qu’il la regarde ou lui échange quelques mots. Maintenant qu’il était seul, à la presse oui, mais seul, elle voulu saisir l’occasion pour l’approcher. Peut-être aurait-elle plus de chance ainsi. Surtout qu’elle espérait avoir plus que juste un salut ou un désolé je suis pressé en effet. Elle voulait qu’il reste avec elle, comme le ferait deux bons amis. Peut-être même, qu’ils cherchent à faire une petite activité ensemble ou alors tout simplement aller se balader sur les lieux connus ou moins connus d’Akiwa. Malheureusement, elle avait le pré-sentiment que tout ce qu’il allait faire, c’était de fuir à sa prochaine occupation. « Pardon… » Ji Hoon l’avait soudainement prise dans ses bras, comme il savait si bien le faire. Pardon ? Elle ne savait même pas pourquoi il s’excusait de la sorte alors qu’elle ne lui avait rien dit encore. À moins que… Était-ce si évident ? Faut croire qu’il s’était déjà aperçu de son air peiné qu’elle avait d’accroché au visage. « Je sais qu’en ce moment je ne suis pas très présent pour toi. Je dois avouer que je passe ma vie à courir de droite à gauche sans m’arrêter… mais ce n’est pas une raison. » Apparemment oui, c’était si évident. Alors pourquoi, s’il était conscient du fait qu’il commençait à la délaisser – du moins, c’était comme ça qu’elle se sentait maintenant avec lui – il ne faisait rien ? Il lui parlait, mais Jinnie ne le regardait pas totalement dans les yeux. Ou si c’était le cas, elle le faisait que quelques secondes pour ensuite le rebaisser, quelque peu rancunière. Néanmoins, elle l’écoutait. S’il savait comment en ce moment, Jinnie se sentait comme une sorte de « bouche-trou ». Elle n’était pas dupe, elle le voyait bien avoir ses priorités; son frère et sa copine. Peut-être ne comprenait-elle pas sa situation parce qu’elle n’avait pas la même relation avec son frère que Ji Hoon avait avec le sien. Son frère à elle, il était plutôt indépendant, solitaire. Il ne cherchait pas à toujours la voir, à toujours vouloir savoir comment elle allait. Ils se parlaient lorsqu’ils se croisaient, passaient un petit moment ensemble lorsqu’elle allait le voir et le retrouvait seul quelque part. Mais autrement, c’était plutôt chacun de leur côté. Quant à son copain… elle n’en avait pas. Hors, elle ne pouvait probablement pas comprendre parfaitement la situation du garçon à ce niveau. Mais de là à lentement délaisser une amie de longue date… « Tu sais bien que je serais toujours là pour toi, princesse, n’est ce pas ? » La jeune Muneo avait remonté son regard sur lui, soupirant légèrement. « Tu veux dire que tu seras toujours là pour moi quand tu n’auras plus rien ni personne dans ton emploi du temps… sinon je passe en dernier, hein ? » lâcha-t-elle dans une petite tristesse. En fait, Jinnie ne savait plus trop quoi penser. À certain moment, elle avait presque l’impression qu’elle se devait de prendre un numéro avec lui. Elle avait tenté de laisser le temps faire en sorte qu’il vienne vers elle pendant quelques jours, mais non. Impossible. Il était TOUJOURS avec sa foutu copine et son foutu frère. « Si ma princesse préférée veut me parler de quelque chose, je crois que le chevalier servant que je suis va devoir se trouver une excuse pour éviter une punition digne de ce nom. Mais que ne ferait-il pas pour voir le sourire de sa princesse après tout ? » Elle n’eut pas le temps de commencer à dire quoique ce soit, qu’elle le suivit dans son élan, se dirigeant elle aussi vers la porte de la sortie du réfectoire.

Elle s’assit alors à côté de lui, sur le banc, accotant son dos contre le mur derrière eux, son regard baissé vers ses propres mains avec lesquelles elle jouait. Malgré les petites attentions qu’il venait de lui faire, Jinnie continua d’afficher une petite moue. Aucune autre réaction ne se fit sur le coup. Elle était juste totalement évachée sur le banc faisant comme si elle était dans sa propre bulle. « Je croyais que t’étais pressé ? Je ne te force pas à rester avec moi tu sais. Si t’a mieux à faire, vas-y. Je ne voudrais pas être celle qui te fait manquer tes cours. » Cela n’avait pas été dit méchamment, mais plutôt d’un air neutre. Elle qui se plaignait qu’ils ne passaient plus autant de temps ensemble, pourquoi là, alors qu’ils l’étaient, réagissait-elle de cette façon ? Elle ne le savait pas elle-même. Sans doute par simple déception, une petite colère ou même une certaine rancune. Elle posa son regard sur lui pour finalement le rebaisser sur ses mains. « Je trouve que ça a changé entre nous. Avant on était toujours ensemble, mais depuis l’arrivée de ton frère et de ta copine… je ne sais pas. J’ai l’impression de ne plus avoir d’intérêt pour toi. Je veux dire… je veux bien essayer de comprendre qu’ils fassent parti de tes priorités mais… à ce stade, ça ne s’appelle même plus une priorité mais plutôt « je traîne toujours avec eux ». » Elle soupira. Maintenant qu’elle avait commencé, aussi bien continuer. « C’est rendu que j’ai l’impression que tu traînes avec moi juste pour ne pas être seul. Et ça me rend jalouse. »

On pouvait nier le fait que le jeune homme manquait cruellement de temps pour faire tout ce qu’il souhaitait réellement faire dans une journée. Parfois, il ne pouvait s’empêcher de penser qu’il souhaiterait avoir la possibilité de se multiplier pour être en mesure d’être auprès de toutes les personnes qui souhaitaient l’avoir à ses côtés. Tout comme bon nombre de personnes dans cette école, le jeune homme souffrait depuis quelques années d’une maladie qui s’appelait « la popularité ». La popularité est un dangereux virus qui fait que quoiqu’on fasse on a l’impression de ne jamais satisfaire le besoin d’autrui, sans aucun doute du au fait que sa personne est nécessaire aux besoins d’un nombre bien trop grand de personnes pour que le contraire soit possible. Bien entendu en disant cela, il ne fallait point comprendre que le jeune homme avait attrapé la grosse tête car cela serait mal le connaitre mais la vérité n’était point totalement éloignée de ses dires. Depuis qu’il était arrivé à Akiwa, il avait fait parti de ces jeunes hommes constamment entouré par des personnes qui appréciaient sa compagnie, qui aimaient se trouver à ses côtés, à converser, à rire voir à déconner avec lui, tout cela pour lutter contre une solitude des plus naturelle. Après tout, l’Homme par nature recherchait toujours le contact d’autrui afin de s’extirper d’une solitude trop pesante qui pourrait faire plonger son âme dans une tristesse et une mélancolie des plus totales. Autant dire que le jeune homme qu’il était, était le plus disposé à comprendre cette attitude que pouvait avoir certaines personnes à son égard pour la bonne et simple raison que lui aussi avait toujours agit de cette façon.

Afin de s’éloigner le plus possible de cette mélancolie, de ce fossé profond qui se trouvait au fond de son âme, Ji Hoon avait toujours fait en sorte d’aller vers les gens, de trouver à leur côté un moyen comme un autre de lutter contre ce mal être incessant. Une lutte qui s’était trouvée être vaine, puisqu’en aucun cas cette tristesse ne s’était désemplie mais au moins il avait été en mesure de l’oublier quelque temps en compagnie de ses personnes qui l’aidaient dans une certaine mesure. Soo Jin avait été l’une de ses personnes, l’une des premières à laquelle il s’était sincèrement attaché au point d’avoir eu pour elle un semblant de sentiment bien plus fort, celle qu’il avait considéré comme sa première petite princesse. Il se souvenait même maintenant avec le sourire aux lèvres, ô combien il faisait en sorte de s’accaparer l’attention de la demoiselle car il ne désirait être que son unique chevalier servant. Ils avaient tant passé de temps ensemble qu’il ne pouvait plus compter les moments passés en sa compagnie. La plupart de ses souvenirs d’enfance se trouvaient être avec elle, son premier bisou sur la joue, la première fois qu’il avait donné la raclé à un vilain garnement car il s’était moqué d’elle, son premier baiser lorsqu’il avait mélangé son affection pour elle avec de l’amour. Il ne pouvait nier le fait que la demoiselle qui se trouvait à ses côtés était quelqu’un d’important dans sa vie d’avant comme celle d’aujourd’hui.

Bien entendu, on ne pouvait pas non plus écarter le fait qu’ils se voyaient moins souvent qu’auparavant et d’autant plus depuis leur arrivée à Akiwa. Le fait qu’ils soient dans deux maisons différentes, qu’ils ne fréquentent plus les mêmes personnes, tout comme la légère différence d’âge entre leur deux personnes, faisaient que oui, les occasions où ils passaient du temps ensemble se faisait cruellement rare. Et ce d’autant plus le début de cet année où était venu s’ajouter à l’équation, Su Gin, qui prenait résolument énormément de marge dans celle-ci. Il ne pouvait le nier et il ne souhaitait nullement en rougir de vouloir passer autant de temps à ses côtés. Personne ne pouvait comprendre à quel point son jumeau avait manqué à son être, ni à quel point celui-ci lui était primordial. Comment quelqu’un pourrait comprendre un manque, un besoin vital qu’il n’avait jamais ressenti ? Impossible et il ne demandait point à quiconque de le ressentir car il savait plus que tout au monde, ô combien l’impression de vide était terrible. Seulement il demandait seulement à ce qu’on lui laisse le temps de s’accommoder à tous ses changements, que ce soit l’arrivé de Su Gin ou sa promotion en tant que capitaine de l’équipe de sa maison. C’était résolument quelque chose loin d’être évidant à faire surtout lorsqu’on ajoutait en plus de cela les cours.

Peut être était-ce quelque peu abusé, mais il avait parfois l’impression qu’il n’avait même plus le temps de respirer alors qu’il passait ses journées à courir à droite et à gauche. Bien entendu il se rendait compte qu’en rejugeant ses priorités ou en faisant en sorte de bien s’organiser, il aurait du temps pour lui, seulement à l’heure actuelle, il n’y parvenait point. La faute à sa personne dans une certaine mesure et il passait donc la plupart de son temps à s’excuser pour son manque de présence à droite et à gauche, du mieux qu’il le pouvait. Cependant et malheureusement sans aucun doute pour eux tout comme pour lui, s’il était amené à refaire la chose, sans aucun doute qu’il agirait de nouveau de la sorte. Bien entendu, cela ne voulait point dire qu’il préférait faire en son âme et conscience faire passer certaines personnes avant d’autre, seulement il fallait être honnête avec soi même, chaque personne avait à un moment ou un autre de sa vie besoin de certains amis plutôt que d’autre, tout simplement. Et il était évident qu’à l’heure actuelle des choses les personnes dont il avait le plus besoin à l’heure actuelle, c’était la présence de la femme de sa vie et de son jumeau, un être auquel il devait consacrer le plus clair de son temps s’il souhaitait être en mesure de tisser quelque chose avec lui, faire en sorte de créer une base solide qui pourrait faire d’eux de vrais frères et non deux simples étrangers qui partageaient le même physique. Mee Na acceptait la chose, elle respectait son besoin d’être auprès de son jumeau au détriment de sa personne, tout comme bon nombre de ses amis, même si au final il était pratiquement auprès d’eux à longueur de journée, que ce soit à travers les cours, les entrainements de Quiddich ou les soirées passées dans la salle commune.

Seulement il fallait croire que sans s’en rendre compte, il avait peut être délaissé son amie d’enfance, sa princesse adorée et celle-ci semblait être rancunière à ce sujet. Pourtant il était sincère lorsqu’il lui avait lancé qu’elle savait bien qu’il serait toujours là elle, du moins l’espérait-il. Il ne disait pas cela pour la forme, il pensait le moindre mot. Mentir ne faisait résolument pas partir de son caractère, certes il lui arrivait parfois de ne pas dévoiler toute la vérité pour tenter de préserver la personne d’une vérité bien trop cruelle mais jamais il ne dirait un mot qu’il ne pensait pas du fond du cœur. Alors il espérait vraiment que la jeune femme croyait en ses mots, que si elle avait besoin de lui, elle n’hésiterait point à lui envoyer un hibou pour lui demander son aide. En homme digne et bienveillant, il ferait toujours de son mieux pour répondre présent pour ses amis, il tâcherait d’être présent pour essuyer ses larmes, être l’épaule solide sur laquelle elle pourrait se reposer, tout comme celui qui la ferait rire aux éclats lorsqu’elle se sentira mieux. C’était ça, être un vrai ami et il espérait vraiment qu’elle en avait conscience, qu’elle savait pleinement qu’il serait toujours là pour elle. C’est pour cela que les mots qu’elle lui lança sur un ton quelque peu sec et triste, lui donnèrent l’effet d’un coup de poignard. Sa remarque était blessante et il ne pouvait nier que son sourire s’était affaibli quelque secondes alors qu’il avalait la pilule. Contrairement à d’autres amis, qui se contentaient seulement de lui lancer cette remarque dans une petite vanne, elle était présentement en train de l’accuser de la prendre, de la considérer comme un bouche trou… ce qui n’était résolument pas le cas.

Cependant, il préféra ne pas souligner la chose, cherché à se justifier alors que la plupart des regards étaient posés sur eux. S’il devait lui donner une explication, il ne désirait point la faire ici devant tout le monde alors que Mee Na ne lui avait jamais fais une telle remarque et pourtant tout autant que la demoiselle, elle aurait eu tous les droits de le faire car c’était elle qui compatissait le plus de son absence. Il avait alors prit la décision de la conduire dans un coin un peu plus calme en gardant toujours son sourire et de tendres paroles à la bouche. Non, il lui en fallait bien plus pour que son sourire ou sa bonne humeur ne s’envole, mais il ne pouvait nier que la remarque de son amie, l’avait profondément meurtri à son fond intérieur. A croire qu’il était maladroit même avec les personnes qui étaient les plus proches de sa personne. Il se contenta alors seulement de la regarder avec tendresse, bien qu’on pouvait noter dans son regard une certaine tristesse du au fait que les mots précédents de la demoiselle ne faisaient que passer en boucle dans son esprit. Il prenait enfin peu à peu conscience et ce en voyant sa moue boudeuse qu’elle lui en voulait et ce n’était pas près de s’arranger. Le regard fixé sur le visage de la jeune femme, il encaissa un à un, chaque mot que la jeune femme lui lançait dans un ton neutre. Elle lui lança qu’elle ne voulait pas le forcer à rester avec elle alors qu’il était pressé, que s’il avait mieux à faire, il ferrait mieux d’y aller, qu’elle ne désirait point être celle qui lui faisait maquer ses cours.

Bien que l’envie de lui répondre se fasse de plus en plus présente en son être, il ne dit mot, ne souhaitant nullement la couper dans son élan voir parler trop vite sans prendre en compte tous les paramètres. Il avait apprit au fil des années qu’il était toujours utile de réfléchir aux mots qu’on prononçait, que sans le vouloir vraiment, on était peut être susceptible de blesser quelqu’un en utilisant une mauvaise tournure de phrase ou en étant trop sec. C’est pour cela qu’il resta silencieux alors qu’elle levait son regard vers lui avant de le baisser de nouveau sur ses doigts. Elle lui avoua alors qu’elle trouvait que ça avait change entre eux deux, qu’avant ils étaient toujours ensemble mais que depuis l’arrivée de son frère et de mee na… elle ne savait pas, elle avait l’impression de plus avoir d’intérêt pour lui, qu’elle voulait bien essayer de comprendre qu’ils fassent parti de ses priorités mais... pour elle, elle avait l’impression qu’il trainait avec elle juste pour ne pas être seul et qu’elle en était jalouse.

« Tu te trompes… » Lâcha-t-il spontanément peut être dans un ton quelque peu fort mais surtout du au fait que ses mots le blessait plus que raisons. Remarquant cela, il s’obligea à ravaler les mots qui pendaient à ses lèvres alors qu’il déglutissait doucement pour calmer quelque peu sa blessure. Il inspira donc doucement et détourna son regard de celui de la demoiselle alors qu’il fixait le mur qui leur faisait face, pour tenter de retrouver un air désinvolte et doux comme toujours.

« Tu te trompes, je t’assures… » Continua-t-il plus doucement alors qu’il s’enfonçait dans le banc en poursuivant. « Je veux bien reconnaitre qu’en ce moment je délaisse pas mal de mes amis mais tu n’es absolument pas la seule à être délaissée de la sorte, si c’est le cas, tu sais ? Mee Na aussi en compatie, c’est à peine si je trouve du temps à lui consacrer ses derniers temps, ou du moins seul à seul avec elle, on est parfois obligé tous les deux de faire des concessions pour qu’on puisse parfois se parler dans une journée. Entre les cours et mon nouveau poste de capitaine de l’équipe de Quiddich, je dois avouer que je manque cruellement de temps, c’est limite si je trouve du temps pour respirer moi-même. »

Prenant une légère pause, il en profita pour s’éclaircir doucement la voix alors qu’il glissait l’une de ses mains derrière sa nuque pour la masser, la sentant bien plus rigide qu’auparavant alors qu’il glissait son regard vers la silhouette de la jeune femme. Laissant son regard désolé rencontrer le sien, il se contenta de poursuivre dans le même ton doux et tendre.

« C’est vrai qu’en ce moment, j’ai toujours tendance à privilégier Su Gin mais c’est seulement du au fait que nous avons besoin de ce temps là pour apprendre à se connaitre, découvrir les facettes de l’autre, enfin de construire quelque chose de solide. De plus, il traverse une période difficile, si son existence à bouleversé la mienne, elle n’est venue ajouter qu’un élément de plus à tous les changements auxquels il doit faire face : changement d’environnement, de langue, le deuil de sa mère adoptive. Peut être est-ce égoïste mais je veux être plus que présent pour lui, être l’épaule sur laquelle il peut se reposer si jamais il est sur le point de s’écrouler. C’est ce genre de relation que je veux établir avec lui. Je suis sur que tu peux comprendre cela, Soo Jin, toi-même tu es ainsi avec ceux que tu aimes. »

Il se rendait bien compte qu’il était en train de lui faire un monologue mais il avait l’impression que la jeune femme en avait besoin pour se réconforter elle-même dans l’idée qu’elle n’était pas qu’un simple « bouche trou » comme elle l’avait si bien sous entendu, mais bel et bien une amie à part entière. Il se contenta alors de s’humecter doucement ses lèvres devenu si sèche de trop parlé et ajouta en prenant bien soin de ne pas quitter le regard de cette dernière.

« Tu es importante pour moi Soo Jin, tu es comme une sœur à mes yeux et tu sais très bien que tu pourras toujours compter sur moi. Enfin j’ose l’espérer. Ma vie est un peu compliquée en ce moment mais si tu souhaites me voir, si tu veux qu’on sorte ensemble, il suffit de m’envoyer un hibou et comme toujours je viendrais à toi et cela ne changera jamais. Quoiqu’il arrive si tu veux qu’on se voie ou qu’on discute, je serais là. J’espère que tu me crois, princesse. »

A ses mots, il se contenta seulement de lui caresser doucement les cheveux dans un regard amical et fraternel alors qu’il souriait de nouveau plus franchement. Il espérait sincèrement qu’elle le croyait car il était on ne peut plus sincère à ce sujet.