Je pense que s'il fallait utiliser un mot pour me décrire, alors « parfait » serait le plus adapté. Non pas que je possède un orgueil démesuré et que je fasse partie de ces gens trop prétentieux, non, c'est tout l'inverse en réalité. Oh, évidemment je suis un minimum confiant. Mais je puise ma confiance en moi-même selon les dires des autres. Petit, je n'ai jamais pensé que je valais mieux que tout le monde, évidemment, mais le fait que toutes les jolies petites filles en jupe (mmhh... ) blanches me regardaient avec des yeux encore plus ronds et émerveillés que ceux des mangas, je commençai peu à peu à me dire que, finalement, je ne devais pas être doté du physique le plus ingrat au monde. Et c'est à ce moment-là que je suis allé voir mon père – mon très cher et doux paternel ( c'est une blague ) – qui m'a expliqué en long, en large et en travers toute la psychologie féminine. Qu'il leur faut du romantisme, un homme fort et beau, qui dégage un certain charisme et, surtout, qui sache assurer pour conclure. Évidemment, je n'avais que cinq ou six ans, alors ces mots s'étaient perdus dans la nature. La seule chose que j'avais retenu : c'est que même s'il ne fallait pas oublier qu'elles étaient faibles et trop émotives, il fallait les traiter bien, avec classe et respect, parce que voir une jolie demoiselle heureuse était la chose la plus plaisante au monde.

Et c'est à cet instant précis que je l'avais vu sourire amèrement. Sans doute devait-il penser à ma mère. À vrai dire, j'ai toujours pensé que j'avais des parents inversés. Un père trop maman, et une mère trop papa, vous voyez ? Parce que s'il y a une chose que mon paternel me répète depuis que je suis gosse, c'est bien : mon fils, tu verras, si tu veux tenir ta relation avec une femme, tu souris, tu lui donnes raison et, surtout, n'essaie pas de lui tenir tête même si elle se plante carrément, sinon il se pourrait que tu finisses par mourir « accidentellement ».

Beaucoup de personnes associent inévitablement l'insouciance et la curiosité aux enfants en bas âge, qui ne savent que baver sur leurs fringues et se rouler dans la boue … Eh bien, j'ai toujours supposé que, en réalité, la seule chose qui me séparait de ces enfants là était le seul et unique fait que je ne me bavais pas dessus. Trop curieux à propos de tout, père m'avait lu et relu sans cesse Alice aux Pays des Merveilles, histoire de me faire peur, de me dire que j'allais grandir ou rapetisser selon ma curiosité si je fonçais toujours dans le tas sans réfléchir. Très honnêtement ? Cela ne me rendait que davantage curieux. Explications vaines et inutiles, je restais la petite pile électrique du père frigorifique qui ne voyait en son enfant qu'un sombre crétin qui ne se trouverait jamais personne ( mais bon, il paraît que mon père m'aime tout de même ) à toujours sourire comme un niais, à exploser de rire pour peu … à se retrouver constamment en retenue, aussi … et plein d'autres choses vachement agréables, genre, trébucher sur le SEUL caillou au monde, tâcher le chemisier de la SEULE filles aux alentours … tout ça, là. C'est souvent pour moi. En fait, mes amis adorent être près de moi parce que j'attire tellement la poisse qu'ils sont certains que rien ne va leur arriver, que tout va me tomber dessus … étrange conception de l'amitié, n'est-ce pas ? Mais ce n'est pas vraiment grave. Je sais que, au fond, ils m'apprécient réellement. Toujours le premier invité à leurs fêtes et inéluctablement le premier arrivé, et le dernier à partir ! Dans le fond, je crois que je m'entends bien avec pratiquement tout le monde. J'ai des réactions spontanés, stupides, qui font rire … ou pas. Je crois que si je devais viser la maison la plus horrible de toute l'histoire des maisons réunies ( aka, les ineos ) je dirais qu'ils doivent probablement me prendre pour un crétin écervelé qu'il faudrait brûler au bûcher mais, hé, quel ineo ne pense pas ça, hein ? De toutes façons, c'est pas comme si leur avis m'importait, loin de là. Je vis ma vie, je fais des – souvent – des choses absolument stupides et puis, quoi, n'est-ce pas plus marrant que rester constamment avec un balais coincé dans un certain endroit à se moquer de tout et de tout le monde ? Non, bien entendu que non.