Toute la journée, Ji Soo fut bien hypocrite. Toute la journée, le jaune fut bien étrange. Hypocrite, parce que ce dernier affirmait que tout allait bien alors qu'il n'en était rien. Le sourire qui existait continuellement sur ses lèvres avait disparu. Juste avant son entrainement matinal de quidditch, le jeune homme avait été convoqué par son professeur principal à propos de ce sport. A croire qu'une personne l'avait balancé ou que ses parents l'avaient espionné... Mais ces derniers qui refusaient catégoriquement qu'il touche à un balai, avaient fini par apprendre son statut au sein de l'équipe des Yongwang. Il n'était qu'un remplaçant pourtant. Un simple remplaçant. Bien sûr, Ji Soo espérait pas moins devenir un véritable batteur et participer aux tournois des maisons... Mais ses « vieux » parents craignaient visiblement qu'une telle chose arrive... Ce pourquoi, il avait été suspendu d'entrainement jusqu'à nouvel ordre. Cette simple nouvelle avait suffit à ruiner son moral au plus bas. Le priver de quidditch, c'était comme arracher le doudou à un enfant ! Suite à ça, le jeune homme avait préféré fuir la foule et les connaissances au risque d'être questionné. Lui qui n'aimait habituellement pas être transparent et qui détestait la solitude... En ce jour de deuil, il ne voulait rendre de compte à personne, si bien qu'il passa la majorité de son temps dans le dortoir lorsqu'il n'était pas en cours. Même Caliopé, sa nouvelle petite-amie, n'avait pas eu cette chance de l'entrevoir. Il ne l'avait pas cherché non plus... Ce qui ne voulait pas dire qu'il ne pensait pas à elle. Au contraire. Il n'était pas du genre extrêmement jaloux ou possessif, mais il s'imaginait bien que la belle était parfaitement entourée en ce moment-même. Il lui suffisait d'un sourire et le monde était à ses pieds. Ça, Ji Soo en était intimement convaincu. Avec l'incroyable attraction qu'elle dégageait, la mignonne pouvait manipuler bien des têtes et des cœurs avec un si joli minois, lui y compris. Mais à force de ne penser qu'à lui, il en avait même oublié le rendez-vous qu'ils s'étaient déjà fixés quelques jours plus tôt au shellfish avenue...

Pour ne pas avoir programmé l'heure du rendez-vous sur son téléphone, le sorcier se rendit compte que bien trop tard qu'il avait déjà loupé l'heure ! Se traitant d'imbécile à voix haute, le roman fantastique qu'il détenait quelques secondes encore entre ses mains se vautra négligemment au le sol. C'est en se relevant tout furibond et en s'insultant lui-même avec peu de grâce, qu'il avait fini par surprendre ses autres colocataires en quittant la chambre dans un claquement sonore. Involontaire, précisons-le. Il venait à peine d'enfiler ses chaussures à la va-vite qu'il en avait oublié de prendre son blouson en cuir ! Vêtu d'un simple T-shirt et d'un jean's gris, la fraîcheur du soir le paralysa de plein fouet, comme poignardé par la plus fine des lames. Cela avait suffit pour l'obliger à faire demi-tour ! Du pareil au même il fut toisé d'une drôle de façon par ses compatriotes de chambre au moment où il réapparut pour récupérer le dit blouson qu'il enfila sans tarder. « Caliopé va me tuer. » avait-il fini par annoncer dans un soupir, résigné. Même si les engueulades n'avaient rien de drôles en soit, ils finissaient toujours par se réconcilier et c'était bien la seule chose qu'il retenait dans ces cas-là. Sans s'éterniser, il ressortit du dortoir et brava le froid une fois à l'extérieur. Frissonnant de plus belle, le jaune ne s'immobilisa pas cette fois-ci et il poursuivit sa course. Courir jusqu'au lieu de prédilection allait le réchauffer et lui épargner ce calvaire plus longtemps. Heureusement, au bout de quelques minutes il avait fini par entrevoir une petite silhouette adossée contre un mur. Caliopé, sans aucun doute. Sa supposition se révéla exacte au fur et à mesure qu'il approchait de la demoiselle, visiblement contrariée. Mais il y avait de quoi... Si les rôles avaient été inversés, il se serait aussi fâché contre elle. Il l'aurait été juste sur le moment, pour extérioriser sa frustration. Car blesser sa jolie petite-amie était la dernière chose qu'il souhaitait au monde. Même pas. Il ne le souhaitait en aucun cas ! Il espérait après cette erreur de sa part qu'elle ne lui voudrait pas trop... L'erreur était humaine après tout... bien qu'il soit sorcier de sang-pur. La belle était presque une divinité qui le dépassait complètement. « Bébé... ! Je.......... une seconde... laisse-moi reprendre un.. peu d'air... ». Il n'était pas un grand sportif à la base. Juste un... fichu remplaçant. Arf ! Ce n'était pas le moment de repenser à ça. Grelottant malgré lui sur place, il avait fini par récupérer un peu d'oxygène et avait renfermé ses mains sur ses bras pour les frotter énergiquement. « J'ai pas d'excuse... J'espère que tu m'auras pas attendu trop longtemps, mais j'avais complètement oublié. » Sa franchise était sans détour. Néanmoins, il avait été sincère en l'avouant ainsi de but en blanc. Une sincérité qui lui ressemblait bien d'ailleurs. Un maigre sourire se fendit sur ses lèvres frissonnantes. Il s'était saisi de la main de la yunikon avant d'emboiter le pas en direction des grandes portes de l'école. « Allons-y avant de finir en glaçons ! J'te dois toujours une sortie. ». Il soupira. Non pas parce que cela l'ennuyait profondément, mais parce qu'il n'avait pas vraiment la tête à l'amusement. Ça l'embêtait même. Puisqu'il n'était pas doué au mensonge, il était d'autant plus persuadé qu'il en toucherait un mot à sa petite-amie tôt ou tard... Sauf qu'il ne voulait pas en parler... Parler de ses soucis insignifiants... Même si pour lui, c'était quelque chose de terrible. Ji Soo n'aimait pas montrer ses faiblesses tant il paraissait toujours joyeux et souriant. C'était une bonne image qu'on s'était fait de lui et probablement que la blonde l'appréciait aussi pour ça... Au bout de quelques pas, le yongwang s'arrêta dans sa marche, comme alerté par un danger imminent. Finalement, il n'était peut-être pas le seul à trainer des pieds... Ce pourquoi il lui refit face avec une expression indifférente sur l'instant, voir même blasée. « Tu m'en veux beaucoup ? ». La question pouvait paraître idiote mais il s'en doutait tout de même assez, la connaissant. La belle n'était pas à prendre avec des pincettes.

Rare sont les sacrifices qu’exerce la belle Caliopé, surtout lorsqu’ils sont en faveur d’une autre personne que la sienne. Cependant bien que le froid se faisait glacial ces derniers temps elle s’était portée fidèle au rendez-vous qui lui était fixée. Alors que quelques minutes auparavant elle tournait en rond comme une furie afin de mettre la main sur sa fichue paire de botte qui lui était vitale si elle ne voulait pas finir les pieds gelés, la jeune Yunikon pu constater que le détail de la ponctualité n’était pas une priorité pour certains. Voilà une dizaine de minutes que la jeune femme patientait dans ce froid qui lui frigorifiait les os, quelqu’un pour venir la réchauffer n’aurait pas été de refus… d’ailleurs une personne toute particulière aurait été parfaitement appropriée pour venir lui rendre ce doux service. Etonnement il s’agissait bien entendu du cœur du problème ; si on peut appeler ça un problème. A vrai dire elle se demandait même s’il viendrait ; entre la colère et le doute la demoiselle Jung ne pouvait se contenter que d’une seule chose : patienter. En amour, elle était plutôt du genre à ne pas se poser de questions, à se laisser flâner sur son petit nuage quitte à subir une descente vertigineuse mais en début de relation c’était une tout autre histoire. Avec Ji Soo c’était l’affaire d’une poignée de jours, ce qui peut sûrement expliquer la tendance bancale de leur rapport. Il faut du temps pour se faire à une personne, pour apprendre à la connaître ; même si la phase d’apprentissage est la meilleure de toute les périodes. Caliopé n’était pas du genre à se poser des milliers de questions à la seconde pour analyser telle ou telle situation, elle vivait le moment présent sans se prendre la tête ; c’est d’ailleurs ce qui lui plaisait chez son nouveau petit-ami. Pourtant, c’était le genre de personne à son opposé, elle qui avait tendance à être froide et hautaine bien que beaucoup plus chaleureuse et drôle une fois qu’on la connait, mais étrangement c’était ce type de garçon qui lui plaisait. Souriant, drôle, naturel, qui ne se prend pas la tête… le genre de personne avec laquelle plus rien ne vous importe, mis à part son sourire et le bien-être qu’il procure. Cela dit pour l’instant il lui procurait beaucoup de froideur. Le nez emmitouflé dans son écharpe et les mains réfugiées dans ses poches afin de les tenir isolées du froid, Caliopé venait de trouver un appui non négligeable contre un mur. Elle en était encore à se demander pourquoi elle continuer d’attendre, c’était loin d’être son genre. Par contre c’était tout à fait son type de braver le froid pour l’élu de son cœur, après tout il avait peut-être eu un imprévu ; il ne pouvait pas avoir oublié, c’était impossible.

Néanmoins elle n’allait pas passer des heures à attendre ici sans rien faire et c’est avec résignation qu’elle reprit son équilibre afin de rejoindre l’intérieur de l’établissement. Contemplant ses pieds d’un primer abord, la surprise fut imminente lorsqu’ après quelques pas son regard se dirigea vers l’horizon pour apercevoir… une silhouette qui lui courrait droit dessus. Il était évident qu’il s’agissait de Ji Soo. Se stoppant afin de le laisser venir à elle, il est inévitable de préciser qu’elle l’avait mauvaise. Ceci dit elle le trouvait mignon, il lui paraissait quelque peu maladroit et ce n’était pas pour lui déplaire… contrairement à la réplique qu’il venait de lui balancer. Oublier ? Oublier leur rendez-vous ?! Si c’était une blague elle était très mauvaise ! « Comment ça t’as oublié ? Je sais même plus depuis quand je t’attends dans ce foutu froid ! Ça te pose aucun problème que je craigne perdre mon nez sous le gèle ?! » Bon ok, elle en faisait peut-être un peu trop mais après tout elle ne faisait qu’être elle-même, c’est-à-dire une diva. Les sourcils légèrement froncés et un air contrarié logeant sur son visage, elle laissa cependant sa main glisser à l’intérieur de la sienne. Actuellement elle regrettait amèrement de l’avoir attendu vu la mauvaise foi qu’il y mettait. Du moins c’était l’impression qu’il donnait, et avec Caliopé valait mieux ne pas donner ce genre d’impressions ; si vous voyez ce que je veux dire. Trainant des pieds, se laissant guider par Ji Soo sans y mettre une réelle conviction, elle se bornait à regarder du côté opposé de ce dernier afin de décharger son regard noir autre part que sur lui. Ça, c’était avant qu’il ne provoque un face à face dans le lequel il exprimerait une indifférence déconcertante. « Non pas du tout, pourquoi tu dis ça ? Il n’y a pas de raisons, enfin. » Se voulant rassurante, elle afficha un sourire dont elle seule a le secret et le tira afin d’aller de l’avant. Coup purement théâtrale, elle lui en voulait d’être en retard, c’était un point mais elle n’acceptait pas qu’il y mette aussi peu de bonne volonté. Quitte à ce qui lui mette un lapin, ç’aurait sûrement été une meilleure solution que celle de venir à contre cœur. Finalement faire comme si de rien était n’était pas envisageable ; serrant la main de son partenaire elle se retourna brutalement. La même scène que précédemment, dans une version différente. « Si tu ne voulais pas venir autant me le dire au lieu de me faire attendre je ne sais combien de temps pour au final faire la gueule ! Elle aurait pu attendre un autre jour cette sortie, fallait pas tu sentir obligé hein ! » Non, elle ne lui tapait pas du tout une crise, ce n’était pas son genre et puis son visage n’était pas du tout crispé … il dégageait beaucoup d’ondes négatives dirons-nous. Sa main avait brusquement brisé le contact qu’elle établissait avec celle de Ji Soo pendant qu’elle lui exprimait ses pensées. Alors qu’elle ne lâchait pas son regard, ses bras allèrent se croiser sa poitrine ; tout ce qu’il pouvait dire ne la ferait pas changer d’avis, elle était déterminée. « Vas-y, fais demi-tour. Rentre faire ce que tu avais à faire, je m’en fou. » Dire que ses yeux lançaient des éclairs aurait été faux. Préciser qu’elle n’était qu’une princesse hargneuse aurait été inutile. Mentionner qu’elle ne souhaitait en aucun cas qu’il l’abandonne ici est cependant non négligeable.

Oublié. Oui, oublié. Ji Soo avait complètement zappé leur petit rendez-vous et il était à blâmer dans cette histoire. A croire que cette journée était définitivement synonyme de poisse... Face au mécontentement prémédité de la demoiselle, le yongwang parut bien impassible, là, à lever la tête vers le ciel étoilé en fronçant ainsi des sourcils. A vrai dire, c'était sa manière à lui de fuir la confrontation. Cela fonctionnait peut-être bien pour lui, mais il en oubliait quelque peu les sentiments de Caliopé. Lâche ? Il ne l'avait jamais été à cette exception précise. Le mal étant fait, le sorcier voyait difficilement comment il arrangerait son cas sans avoir à passer aux aveux. A bien y réfléchir, le jaune était conscient de s'emballer pour de la bêtise... mais c'était plus fort que lui. Certes, le quidditch était sa plus grande passion... Sauf qu'il y avait des choses bien plus importantes en ce monde. Et l'une d'entre elles se trouvait juste sous ses yeux. Il le savait, mais il était encore bien immature au fond. Frustré envers lui-même, Ji Soo décida presque à contre-cœur de prendre les devants en emboitant le pas. Devant une telle attitude, il était d'autant plus conscient qu'il s'enfonçait un peu plus à chaque seconde. Raison pour laquelle il s'était soudain retourné pour lui poser cette question qui le torturait. « Non pas du tout, pourquoi tu dis ça ? Il n’y a pas de raisons, enfin. » Septique face à un tel coup théâtral, le regard du jeune homme se renfrogna instantanément. Il n'était pas dupe, ni complètement idiot. Si elle pensait pouvoir le baratiner de cette façon, alors la belle se mettait le doigt dans l'oeil. Il se demanda même pendant un instant si elle n'avait pas été ironique au point de se foutre de lui ! N'ayant que son dos à se mettre sous les yeux puisqu'elle l'obligea cette fois-ci à la suivre sans discuter, le coréen ressentit alors un terrible sentiment jusqu'au fond de ses entrailles. Un sentiment de rage et de tristesse à la fois. Il comprenait maintenant par quoi était passé Caliopé pour se mettre dans un tel état. Mais cette prise de conscience n'arrangea en rien la situation du moment, ainsi que les nerfs à vifs du jeune couple. Il ne fut donc pas surpris lorsqu'elle la yunikon le relâcha brusquement pour un face à face qui s'annonçait mouvementé. « Si tu ne voulais pas venir autant me le dire au lieu de me faire attendre je ne sais combien de temps pour au final faire la gueule ! Elle aurait pu attendre un autre jour cette sortie, fallait pas te sentir obligé hein ! » Arquant des sourcils au fur et à mesure de ses paroles, le visage du jeune yongwang se crispa littéralement. Il ignorait par quelle force de caractère il se tenait encore devant elle avec un tel sang-froid, mais il s'évertuait de ne pas exploser à son tour. Tout ce qu'elle disait n'avait rien de faux après tout. Ce qui était doublement exaspérant. Ne sachant comment répliquer juste, le jaune balaya son regard de droite à gauche avant de placer ses mains sur ses hanches. Il poussa de nombreux soupirs et ses sombres prunelles se posèrent sur la blondinette qui le transperça d'un regard intransigeant. Une mimique de mauvais goût lui traversa les lèvres, et il eut même un léger rire, bien nerveux. L'inconvénient en gardant le silence, c'est qu'elle gagnait une marge conséquente quant à leur confrontation. Ji Soo s'en fichait au fond, tant que ça n'aggravait pas leur cas. Mais l'envie de se justifier se fit encore plus grande quand elle lui dicta carrément de partir ; une requête qui s'annonçait presque adéquate à la lâcheté actuelle du yongwang. « Tu t'en fou ? C'est parce que tu t'en fou que tu te déchaines sur moi depuis tout à l'heure ? Laisse-moi rire... ». Là, il venait déjà de perdre patience, le ton sarcastique et narquois aux lèvres. C'est en réfugiant ses mains dans les poches de son blouson qu'il poursuivit. « Non en fait, c'est même pas drôle. Je suis pas d'humeur à me prendre la tête... Je vais retourner à mes occupations insignifiantes, t'as raison. Ça t'éviteras à l'avenir de te les geler pour un imbécile comme moi. » La fin de sa phrase avait été faiblement éraillé. Comme étouffé par un appel au sanglot imminent. Ce pourquoi il avait brusquement fait volte-face d'une démarche pressante, la main au-dessus de son nez. Pleurer était signe de faiblesse, et se montrer ainsi face à la fille qu'il aimait était d'autant plus gênant pour lui. Il préférait encore se faire passer pour un gros macho sans cœur que lui révéler cette facette plus sensible de sa personne. Un imbécile, c'était bien ce qu'il était. Par le passé, se montrer tel qu'il était n'aurait jamais été un tabou. Seulement, depuis qu'il sortait avec Caliopé, l'image qu'il voulait se donner était devenue très importante. Il ne voulait pas lui faire honte ou l'embarrasser... par crainte de la perdre, peut-être.

Il ne sut pas exactement pendant combien de temps il marcha dans une direction qui lui importait peu, si bien que la brise froide du soir ne lui arracha aucun frisson. Peu de chose l'atteignait tellement il se trouvait pathétique, comme jamais. Des larmes avaient perlé sur sa joue, mais comme si elles n'avaient jamais existé, le brun les oublia aussi facilement qu'il oublia la raison qui l'avait poussé jusqu'ici. Finalement, il s'arrêta dans sa marche une fois arrivé devant le monument récemment construit en hommage à leur ancien directeur ; la chapelle. A bien y penser, il n'était encore jamais entré à intérieur. Il ne savait pas non plus ce qui le poussait à avancer en direction des grandes portes, mais ses pas le conduisirent jusque dans le bâtiment où il alla se choir sur l'un des dernières bancs. A son grand étonnement, l'endroit était aussi beau que lugubre. Probablement à cause de la noirceur et de la fraicheur de ces lieux. Il y faisait toujours meilleur que dehors. Tant bien, cela lui importait peu, rongé comme il l'était par le remord... Tête basse, il ne pouvait s'empêcher de penser à ce qu'il avait dit à sa petite-amie... Cette soirée avait été un désastre et le sentiment d'avoir touché le fond n'en était pas loin. Cela ne faisait pas longtemps qu'ils étaient ensemble... Mais il ne voulait pas que ça se termine comme ça. Si vite. Pour une histoire aussi stupide. A côté de ça, les bons souvenirs étaient tellement plus nombreux et rassurants. Il souhaitait juste la revoir et s'excuser... La serrer dans ses bras pour ne plus la laisser repartir. Comment avait-il pu l'abandonner là-bas alors qu'elle avait déjà attendu si longtemps pour lui ? Il était vraiment égoïste... Sans cœur. Ce Ji Soo qui ne lui ressemblait pas lui faisait terriblement peur.

Décidé à réparer les dégâts, le jaune s'empara de son téléphone logé dans la poche arrière de son jean's. Il n'était pas sur d'avoir une quelconque réponse, mais il ne pouvait pas non plus rester plus longtemps transparent comme si rien ne l'atteignait. Tentant un appel désespéré, l'espace où il dut attendre l'amena directement à la boite vocale ; signe qu'elle ne décrochait pas et qu'elle ne comptait, de toute évidence, pas le faire. Le « Bip » retentit, et un silence s'installa jusqu'au moment où il prit la parole, d'une voix rocailleuse, sincèrement navrée. « Traite-moi de tous les noms s'il le faut, je ne m'énerverai pas... J'ai vraiment été lâche, même pire que ça... Si tu savais comme je m'en veux... C'est que... aujourd'hui... aaah peut importe. Faut que j'arrête de m'apitoyer sur mon sort. Je suis con ou quoi... … Caliopé, j'espère que tu me pardonneras pour ce soir... Je t'aime. ». Je t'aime ? Était-il sérieux là ? C'était la première fois qu'il lui disait ces mots au téléphone.

Bras croisés, de ses yeux noirs qui lui renvoyaient toute la colère qu’elle éprouvait, elle ne le lâchait pas du regard. Il est clair qu’il en fallait peu à la petite blonde pour monter sur ses grandes licornes, ceci dit c’était une facette malheureusement primaire de sa personnalité… seulement pour Ji Soo ; quel privilège me direz-vous. En effet en public la demoiselle paraissait bien calme, certes imposante mais loin de s’énerver à la moindre occasion venue ; la finesse étant son mot d’ordre. Agresser quelqu’un afin d’imposer son opinion face à des critiques la concernant étant néanmoins tout autant son genre, le pauvre youngwan avait cependant droit à un traitement spécial. Il est à préciser que lorsque le cœur de la belle vous choisit, il est important d’avoir des nerfs solides afin de supporter toutes ses crises, celles de larmes comprises. Ainsi elle pouvait monter dans une furieuse colère pour un simple retard et une mauvaise foi apparente, pour certains cela peut paraitre logique tandis que d’autres penserons que c’est exagéré, pour Caliopé c’était surtout une manière de lui montrer son attachement. Dans le cas présent elle était surtout vexée. Elle qui se faisait une joie d’enfin sortir des enceintes de l’école avec sa nouvelle moitié s’était retrouvée dans un froid terrible à attendre son rencard qui l’avait passablement oubliée et qui, de plus, semblait être présent simplement à cause d’une promesse. Forcément lorsqu’il accepta son offre et fit demi-tour le visage de la yunikon se décomposa. Bien entendu elle s’assura qu’il était assez loin pour perdre la face, la possibilité qu’il se retourne ou fasse demi-tour était bien trop grande et il était hors de question qu’il ne la voit avec une telle tête. Ses yeux le suivirent du regard, ses bras toujours contre sa poitrine, jusqu’à ce qu’il disparaisse de son champ de vision ; s’ensuivit un long soupir. Elle avait bien sentit ce léger tremblement dans sa voix lors de ses derniers mots ; d’ailleurs lorsqu’il avait commencé à s’éloigner l’envie de le rattraper lui avait rongé l’esprit, cependant par pure fierté il n’était pas question de fléchir. C’est ainsi qu’elle s’était retrouvée plantée là, seule, tandis qu’il y a à peine deux minutes sa main était protégée par la sienne ; ruminant l’idée qu’elle n’avait peut-être pas été compréhensible. Cela dit, Jung Caliopé n’a jamais tort et la victime dans l’histoire c’est elle ; ça fait beaucoup pour une petite bonne femme à l’égo démesuré. Relâchant sa tête et se retrouvant la moitié du visage emmitouflé sous son écharpe, elle plissa les yeux à la vue d’un petit caillou qui se trouvait juste à ses pieds. Après avoir shooté dedans d’un coup de pied des plus mous, elle se résigna à rentrer. Il ne reviendra pas.

Se réfugiant dans le salon des communes où elle se laissa tomber sur l’un des moelleux canapés ornant la pièce, la jeune sorcière ne prit même pas la peine de se dévêtir. Le changement de température lui importait peu, à choisir elle aurait préféré être dehors à l’heure qu’il est. Joignant ses genoux afin de se recroqueviller sur elle-même comme une petite fille, elle fit vite arrêtée par Jimmy qui, malheureusement pour elle, guettait les environs. Mettre les pieds sur les coussins si propres du salon n’était donc pas quelque chose de possible et son petit rituel d’enfant triste tombait à l’eau. Au final Caliopé n’était qu’une jeune adulte encore hantée par ses vieux démons, cette position fœtale étant machinale lorsqu’elle n’avait pas le moral dans les baskets. Finalement ne pas se remettre en question n’était pas aussi facile, même lorsque l’on possède la personnalité de la belle yunikon. C’est alors que des vibrations se firent sentir à l’intérieur de l’une de ses poches. Ni une, ni deux, elle avait bien deviné qu’il s’agissait de son mobile et que, par conséquent, quelqu’un essayait de la joindre… ce quelqu’un elle avait bien une idée de qui ça pouvait être. La confirmation étant apportée par le nom qui s’affichait sur l’écran du mobile ; au-dessus de ce dernier figurait une photo. Là, à l’instant, elle voulait pouvoir le toucher, l’embrasser, l’aimer. Le regret est une vilaine chose. Cependant elle ne répondit pas à l’appel, laissant l’écran d’appel disparaitre pour être remplacé par son fond d’écran. Tout ça, c’était malgré elle. La rancune, c’est mauvais, mais tellement incontrôlable. Lorsqu’une autre vibration annonça la présence d’un nouveau message vocal, la jeune femme s’empressa de composer le numéro de la messagerie afin d’entendre sa voix et ses mots… peut-être que ceux-ci annonçaient un ras-le-bol définitif vis-à-vis de ses attitudes pénibles et encombrantes. « Traite-moi de tous les noms s'il le faut, je ne m'énerverai pas... J'ai vraiment été lâche, même pire que ça... Si tu savais comme je m'en veux... C'est que... aujourd'hui... aaah peut importe. Faut que j'arrête de m'apitoyer sur mon sort. Je suis con ou quoi... Caliopé, j'espère que tu me pardonneras pour ce soir... Je t'aime. » Finalement rien de tout ça ; elle était soulagée. Leur relation était encore trop fraiche pour qu’elle puisse anticiper ses réactions. Le « Je t’aime » téléphonique l’avait d’ailleurs quelque peu surprise ; ce n’était pas son genre de dire de telles choses sur une messagerie. Voilà que maintenant elle était peinée. Souvent faire du mal au gens la rendait complètement indifférente, mais là ce n’était pas le cas. Lorsque Ji Soo se remettait tout le poids d’un conflit sur les épaules comme actuellement elle ne le supportait pas ; là était la complexité de leur relation, étant les deux opposés sur ce point. Il avait l’air tracassé, comme si quelque chose occupait fortement son esprit sans qu’il n’arrive à s’en défaire et le pire…c’est qu’il semblait s’en sentir coupable. Mordant le creux de sa joue, le destin sembla en sa faveur pour cette fois-ci. Alors qu’elle était en plein débat pour se décider si oui ou non elle allait se décider à le chercher dans toute l’école, un des camarades de maison de Ji Soo vint lui faire une réflexion. Celui-ci ne s’était pas privé pour lui faire une réflexion en rapport avec le rencard des deux tourtereaux. Selon ses dires il aurait aperçu Ji Soo se diriger vers la chapelle ; le reste de la conversation n’étant pas intéressant puisque le youngwan inconnu mentionnait seulement le fait que le rendez-vous avait dû mal se passer pour qu’ils se retrouvent chacun dans des endroits différents. D’un rire ironique lui faisant comprendre qu’il était complètement abruti, Caliopé remercia cependant son informateur et quitta le salon en trombe.

Tant qu’elle savait où il était, valait mieux qu’elle se dépêche avant d’arriver trop tard. Courant vers l’endroit indiqué, à savoir la chapelle, elle n’eut pas le temps d’y arriver qu’elle croisa en chemin son destiné. Mine de rien le type lui avait tenu la bavette et les minutes étaient passées sans qu’elle ne s’en aperçoive ; sans compter sur Jimmy qui lui avait aussi fait part d’un discours concernant le respect des règles, au passage. Freinant sa cadence brusquement, elle se retrouvait maintenant nez à nez avec celui qui devait penser qu’elle se fichait complètement de lui… super. « J’étais justement en route pour… te rejoindre figure toi ! J’ai des petites jambes, je ne cours pas très vite tu comprends… Ses doigts jouaient nerveusement entre eux, tandis que leur propriétaire semblait avoir un regard quelque peu… paniqué ? Ça devait être ça, mais très légèrement alors. Elle était dans une mauvaise posture, mine de rien ces imprévus avaient duré une éternité et l’école était grande. Coincé entre une porte d’entrée et la yunikon, le jeune homme n’avait pas d’autre choix que d’écouter les discours de sa petite amie. « Je… je n’avais pas remarqué que quelque chose n’allait pas… je suis désolée. Il faut croire que je suis trop centrée sur mon nombril pour être empathique [/b] un fin rire exprima son malaise avant qu’elle ne reprenne de plus belle Vraiment… je t’assure, je suis désolée j’ai eu un contretemps et… là, elle ne trouvait plus d’excuses, elle était pitoyable c’est tout. Quitte à faire les choses, autant ne pas les faire à moitié. « Je n’avais pas remarqué que quelque chose n’allait pas… je suis désolée. Il faut croire que je suis trop centrée sur mon nombril pour être empathique un fin rire exprima son malaise avant qu’elle ne reprenne de plus belle Je n’avais pas remarqué que quelque chose n’allait pas… je suis désolée, il faut croire que je suis trop centrée sur mon nombril pour être empathique… la seule chose dont j’ai envie là, maintenant, c’est de te passer du temps avec toi… je veux savoir ce qui ne va pas et te préoccupes, après tout je suis censée te redonner ce sourire que tout le monde connait alors que tout va mal… Pour une fois qu’elle avouait ce qu’elle avait sur le cœur, le jour était à marquer d’une croix blanche. D’une double croix blanche, je dirais même. En effet, elle venait de baisser les yeux et d’affirmer son regret ; sa fierté en était mise à rude épreuve mais là elle ne pouvait faire autrement. Pour le coup, elle se sentait vraiment égoïste et non méritante. Redressant le regard, elle se stoppa cependant au niveau de son buste. « Je t’aime Ji Soo. Annulez les croix-blanches, faites place aux affiches publicitaires.