Clinique Han Byongwon, Geumho-dong, Séoul.
Section psychiatrie infantile.
Dr. Uhm Jung Min.

Dossier psychiatrique n° 0203: HWANG Yumi.
Née le 22/03/1994
Chaque entretien avec l'enfant, ou sa mère, sera réécrit, puis ajouté au dossier.


Entretien n°1: Le 18 mai 2007

«Alors... Yumi. Raconte-moi ta vie. Tout ce que tu veux; où tu es née, ce que tu aimes, ce que tu détestes... Je veux tout savoir de toi.
- Si vous voulez. Je suis née dans un hôpital à Séoul. Mes parents biologiques m'ont abandonné à ce moment. Mais j'ai été adoptée et maintenant, j'ai une maman que j'aime, un papa qui voyage tout le temps et un frère... Puis j'aime pas les cons... Je sais pas trop quoi dire. Tu as quelque chose à ajouter maman?
- Oui, deux-trois choses. D'ailleurs ma chérie, tu peux nous laisser, le docteur et moi? Va rejoindre Yun Seong, il doit s'ennuyer dans la salle d'attente...
- Mais maman! Pourquoi je...
- Fais ce que je te dis.»

Penaude, l'enfant quitta la pièce. Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre. Entre les mères qui font croire que leurs enfants n'ont rien pour ne pas à payer la consultation, ceux qui veulent s'en débarrasser à tout prix à coups d'antidépresseurs... J'en ai vu, des cas dans ma carrière. Mais je ne m'attendais absolument pas à ce que Mme Hwang allait me dire.

« En vérité, si vous voulez savoir comment elle est née, c'est à moi de vous le dire. Yumi ne sait pas tout là-dessus, ça serait trop choquant de le savoir à son âge...
Je l'ai trouvée pas nettoyée, son cordon ombilical pratiquement arraché – sans doute avec des ciseaux – dans la benne à ordures de l'épicerie où je travaillais à l'époque. Ce magasin se trouvait tout près de ces écoles pour riches – Yu Gwan Sun et je ne sais plus l'autre – donc j'en ai vite déduit que sa mère biologique était une des pensionnaires de ce truc de bourges. J'étais enceinte de Yun Seong, donc je l'ai prise avec moi. Mon futur mari a accepté de la prendre et de l'élever comme notre fils, de les éduquer comme on le ferait avec des jumeaux. Il ne voulait pas d'enfants, il s'est retrouvé avec deux d'un coup. Mais à ce moment, tout allait bien, on était heureux.
La mère biologique? Je l'ai vue, une fois. Elle a vu Yumi, et m'a demandé comment c'était, d'être mère. En discutant, j'ai pu savoir qu'elle aurait dû avoir un enfant dans les bras maintenant, sans aucun autre détail. Je ne sais pas son nom, juste son âge; elle avait quinze ans.»


Entretien n°2: Le 20 juillet 2007

« Donc si j'ai bien compris, tu es venue toute seule aujourd'hui... Alors Yumi, même principe que la dernière fois; dis-moi tout ce qui te passe par la tête. Cohérent ou non.
- Monsieur... Vous avez parlé de quoi, avec ma mère?
- Secret médical. Je suis médecin, et tout ce qu'on me dit reste dans cette pièce, à l'abri des oreilles indiscrètes comme les tiennes. Bref. Je t'écoute.
- Vous êtes pas drôle...
Aujourd'hui, on a reçu une carte de mon père. Il est actuellement à Paris pour affaires. Mais j'aimerais savoir: Pourquoi il a emmené Yun Seong avec lui et pas moi? Pourquoi un père ferait autant de favoritisme? Je veux dire, c'est dégueulasse!
- Il fait quel métier ton père?
- Il est ambassadeur de Corée en France. Ça lui boucherait pas le trou du cul de m'emmener, non? L'est tellement friqué... Mais non. On dirait qu'il ne m'aime plus, qu'il considère Yun Seong comme son fils et moi comme de la merde parce que j'ai été adoptée. C'est pourri comme idée. Dites-moi, c'est tous les hommes qui sont méchants comme ça, ou c'est juste l'autre con qui me sert de papa?
- Yumi... Déjà, ton langage est un peu grossier. Je sais ce que tu vas me dire, que tu as besoin de déverser toute ta haine, tout ça... Mais bon. Est-ce pour autant que tu hais ton père? D'ailleurs, pourquoi ton père et ta mère se sont séparés?
- Je ne sais pas vraiment. Enfin si, mais je ne connais pas exactement toutes les raisons... Déjà, mon père, c'est le genre de mec qui ne veut pas d'attaches. Sauf que pas de chance. Ma mère était hôtesse, et il s'est envoyé en l'air avec elle. Et il l'a mis en cloque. Super hein? Donc neuf mois plus tard, Yun Seong débarque. Et moi, je viens me poser comme un papillon là-dessus. Il a été obligé de se marier – attends, ça le fait pas un enfant illégitime! - alors il a épousé ma mère, reconnu mon frère et m'a adopté au passage. Pour un mec qui veut être libre... Se retrouver marié avec deux gosses est vraiment ce qu'il y a de mieux. Enfin bon. Il n'a jamais vraiment aimé avoir des enfants. Aussi loin que je me souvienne, il n'a jamais été paternel, ce genre de trucs... Vous connaissez le concept du pater familias docteur? Ben chez nous, c'est le puer familias; c'est les enfants qui gouvernent, et maman qui suit!
- Calme-toi, assieds-toi et arrête de bouger... Sérieusement, on t'as mis un ressort dans les fesses à ta naissance? Tu sais Yumi, certaines personnes ne voient pas le sens affectif du terme adoption. Ta mère l'a vu, et d'après ce que j'ai pu observer, elle t'aime autant que ton frère. Ton père, d'après ce que tu m'as dit, n'a pas l'air d'avoir la fibre paternelle. Ou alors, il l'a, mais je me demande où elle est enfouie. Il a l'air de ne pas vraiment être attaché à qui que ce soit, même pas à ton frère, son propre fils. Tu sais, il y a des personnes qui sont comme ça...
- Je crois que c'est à cause de tout ça qu'ils sont divorcés. Si une personne aime bouger, mais qu'il est marié avec une cruche – ma mère n'est pas une cruche, j'installe un contexte – et qu'il se retrouve avec deux mioches, je sais pas moi. Je me serais cassée fissa personnellement. Mais il a tenu dix ans. Je sais pas comment il a fait. En tout cas, en dix ans, il a fait suffisamment de mal autour de lui pour que je sois heureuse de ne plus vivre dans une grande maison, avec des servants et tout le barda. La pension alimentaire et les cartes sont limite plus affectueux que les dialogues qu'on avait lorsqu'on vivait dans l'autre maison. Papa est un amour de papa. Tout le monde veut le même.»


Entretien n°5: Le 28 décembre 2007

«Ça me fait chier de venir ici... Maman m'a emmené, mais j'ai pas envie de vous parler. Je voulais rester avec Yun Seong moi...
Bonjour Yumi, moi aussi je suis heureux de te voir. Comment tu vas ma jolie?
Rooh. Ça va pas. J'aime pas Noël, il fait froid, tout le monde mange comme des porcs et jettent tout, alors que plein de personnes ont besoin de cette nourriture. Pff. Les gens sont vraiment stupides, c'est à en pleurer.
Ooh. A ce que je vois, Noël ne te réussit pas. Si on parlait des cadeaux que tu as eu?»

J'espérai vraiment que parler cadeaux allait la rendre de bonne humeur. Mais j'ai pu le remarquer, je ne connaissais pas Yumi. Je m'étais fait des images de son caractère, de ses réactions face à de multiples stimulus.. Après tout, je ne suis pas un bon psychiatre pour enfants pour rien! Mais je m'étais trompé sur toute la ligne. Sa réaction ne fut pas bonne, bien au contraire. Elle se transforma en petite lionne, dans cette cage qu'était mon cabinet.

« Des cadeaux? Ah! Non mais vous vous foutez de la gueule de qui? On vit dans un 25m² pourri à trois, on n'a presque pas de fric, et vous voulez vraiment que j'ai de supers jeux vidéos pour Noël? Déjà, première nouvelle pour vous: on n'a PAS la télé! Notre cadeau, c'est que cette année, l'électricité n'a pas été coupée pour le réveillon! Yeah!
Donc, tu n'as rien eu du tout...
Si. Papa nous a offert 200,000 wons chacun. Super. On aurait bien voulu qu'il vienne, voir comment on vivait alors que Môssieur se prélasse dans les Plazas, Hiltons et autres Shangri-las... Mais non. Il l'avait plein de réceptions, plein d'avions à prendre le pauvre chou. Limite ça se sentait qu'il regrattait de nous avoir envoyé une carte postale d'Abu Dhabi... Le fait que j'avais la grippe jusqu'à la semaine dernière, et que je l'ai refilé à Oppa, ça il s'en fout... On peut crever comme des chiens. Ah, je vous jure.
Attends une minute... Je viens de comprendre quelque chose... Vous n'avez pas assez d'argent pour payer vos factures d’électricité? Mais comment c'est possible? Et aussi, comment ça se fait que tu puisses venir ici – ça coûte très cher!
Ah bon? Moi je sais pas, c'est Papa qui paie. On lui a fait croire que c'est Yun Seong qui a des problèmes dans le cerveau. Alors que c'est la bâtarde qui est folle. S'il savait ça, il paierait même pas et me laisserait dans la merde. J'en suis sûre.
Ah! Et aussi...Ben écoutez, quand votre mère travaille comme caissière, et que vous avez seulement la pension alimentaire de Papa à côté, qui se résume à 300,000 wons, on se rend compte qu'il y a pas énormément de fric qui rentre dans le coffre-fort. Assez pour payer l'appartement, mais pas toutes les charges. Alors, on alterne le gaz et l'électricité, et on paie ces factures tous les 2 mois. Des fois, on n'a pas assez d'argent un certain moi pour en payer une. Alors pouf! Plus de gaz, ou plus d'électricité. Et je dois avouer que ne plus avoir de chauffage l'hiver, c'est assez embêtant. Dans ces moments, je préfère me balader dehors, parce qu'il fait limite plus chaud que dans l'appartement.
Oh mon Dieu...C'est pas trop dur de vivre comme ça? De passer à une immense maison à un appartement miteux sur Itaewon?
Un peu, si. Mais bon, quand une grande maison est vide et froide, dans le fond, c'est horrible. Les servants c'est cool, ils font tout à ta place, mais ils se cassent au moindre problème. Et si tu dois parler à quelqu'un, il te disent qu'ils ont pas le temps d'écouter tes conneries. L'appartement qu'on a maintenant et petit, pas très bien décoré, mais au moins, il est vivant. Chaleureux même quand il n'y a pas d'électricité. Les ramens peuvent être meilleurs que la cuisine française du chef, je l'ai compris. Au début, je boudais et je partais constamment à l'ambassade, mais bon. Ça ne servait à rien. Maintenant, je me dis, autant vivre comme on peut, mais bien.
Bravo. Je dois avouer que peu de gens possèdent cette mentalité. C'est une grande preuve de sagesse et de maturité, tu le sais? Il veulent rester dans le luxe, mais ne le peuvent plus, s'endettent et finissent comme des rats. Pour une enfant de treize ans, tu me surprends, vraiment. J'ai l'impression de parler à une adulte.
Au fait, cet argent que te donne ton père, tu en fais quoi ensuite?
La première fois qu'il me l'a donné, j'avais envie de le cramer. Mais ma mère n'a pas voulu que je brûle l'immeuble tout entier – je suis tellement maladroite que j'en aurais été capable... Elle m'a dit d'en faire ce que je voulais. Je ne voulais pas voir son argent, alors j'ai décidé de le cacher à la banque. J'ai créé un compte avec Maman, et tout l'argent qu'il me donne, je le mets là. Je ne sais pas combien que j'ai, et je m'en fiche. J'en ai pas besoin pour le moment.»


Entretien n°13: Le 1er septembre 2008

« Ça fait vraiment longtemps qu'on ne s'est pas vu Yumi... Tu m'as manqué, toi et tes conversations, tu le sais ça?Mais pourquoi tu ne venais plus? A chaque fois qu'on te casait un rendez-vous, tu étais absente... Il se passe quoi? Il y a encore des problèmes avec tes parents?
- Ah. Non. En fait, j'ai commencé à prendre des cours de violoncelle il y a six mois. Et les heures étaient pile pendant nos séances de discussion.
Discussion, discussion... Elle est pas mal celle-là. Tu sais que ton père te paie 60,000 Wons pour que tu papotes une bonne heure avec moi? Ça fait cher l'ami quand même...
- Ben je vous aime bien moi. Même si au début, je vous trouvais franchement chiant.
- C'est toujours sympathique à entendre.
- Merci. Et puis quand papa paie, moi je m'en fiche. Donc je disais quoi déjà?…Ah oui, le violoncelle. Je veux en faire depuis que je suis entrée au collège, mais on n'a pas les moyens. Yun Seong voulait faire du piano, lui. Donc, papa a payé pour Yun Seong, mais pas pour moi. Je m'y habitue à force. Il a même dit qu'il paierait si je faisais du piano aussi. Et que les violoncelles, c'était laid, gros et moche. Maman a été obligée de lui faire comprendre qu'il n'avait pas un, mais deux enfants. Et qu'étant donné qu'elle n'a pas les moyens de payer, et moi non plus – enfin ça c'est ce qu'il croit – il devait appliquer le principe d'égalité entre nous deux. Il a mis un an à cogiter, et pendant cette année, mon satané frère ma narguait constamment... Graaah. Il a changé Yun Seong. Maintenant c'est un mec, un vrai. Il a les hormones qui le titillent, et quand il voit un joli petit cul, il devient aussi stupide qu'un manchot. De toute façon, tous les hommes sont comme ça, donc je ne dois pas trop m'inquiéter...
- Yumi... Aujourd'hui, je suis allègrement complimenté, dis-moi! Je t'ai manqué à ce point?
Plus sérieusement, pour ton frère... Je pense que c'est normal, il a quatorze ans après tout. Tu as raison, les hormones ont décidé de mettre le bazar. Mais bon, il va se calmer, tu sais. Tous les hommes ne sont pas comme ça à l'âge adulte. D'ailleurs je viens de penser. Tu me parles tout ce temps de Yun Seong, mais je ne sais absolument rien de lui. Tu t'entends bien avec?
- Ben oui. C'est mon frère quand même. Je l'aime quoi. Mais bon, c'est un garçon, je dois pas m'attendre à ce qu'on papote constamment et qu'on sorte ensemble boire un café. Monsieur préfère l'alcool, que voulez-vous? Et moi, je n'aime pas l'alcool. Ce ne sert à rien, ça nous bousille le corps et ça finance certaines mafias. Super.
- Tu n'as jamais bu?
- Si, mais j'aime pas trop ça. Puis si je vais en boîte avec mon frère, je me sentirais un peu stupide. Il a sa bande d'amis, avec qui il fait mumuse en se bourrant la gueule. On n'a pas les mêmes priorités.
- Eh bien. Ça n'a pas l'air d'être le grand amour entre lui et toi...
- En apparence non. Mais en fait si. Je l'aime beaucoup. Et je pense que c'est réciproque. Certes, on n'a pas vraiment les mêmes occupations – depuis quelques temps, je participe aux manifestations Greenpeace, d'ailleurs – mais dans le fond, on est pareils. Éduqué de la même façon, on a le même caractère, la même façon de voir les choses, ou presque. Beaucoup de gens pensent que nous somme jumeaux. Mais on a en vérité deux mois d'écart, vu que Yun Seong a été conçu par mes parents et moi adoptée. Et des fois, il en profite. Quand un garçon vient me voir pour me parler gentiment, il lui dit d'aller voir ailleurs et de ne pas penser à des choses malsaines sur moi. Il est adorable, même si il court après tout ce qui bouge, - garçon comme fille. Il essaie de me faire croire qu'il en a pas après les garçons. Ben tiens.
- Donc, ton frère est ce qu'on appelle un bisexuel. Et puis tu sais Yumi, certains garçons ne sont pas très bien intentionnés, surtout à ton âge... Ne fais pas confiance en l'humanité toute entière, elle ne le mérite pas.
J'aimerais savoir quelque chose. Est-ce que tu as choisi un lycée pour faire des études spécialisées?
- J'ai choisi un lycée. Yun Seong me tanne depuis deux ans sur le fait qu'il veut aller à Yi Sun Sin. Alors je pense que je vais le suivre et aller à Yu Gwan Sun. Puis j'ai une bonne raison d'y aller... Un jour, ma mère a fait une bourde, et m'a dit qu'elle avait déjà rencontré ma mère biologique. Elle n'a rien voulu me dire de plus. Mais bon, étant donné qu'il y a quinze ans, elle travaillait dans ce petit boui-boui à côté de ces lycées, je pense que ma mère y était étudiante. Peut-être à l'université. Donc je veux aller là-bas, pour voir les archives, voir s'il y a des plaques de récompenses, les trombinoscopes, et peut-être trouver le nom de ma mère parmi tous ces gens.»


Entretien n°19: Le 5 avril 2009.
DERNIER ENTRETIEN.


« Bonsoir monsieur! Tout d'abord, je dois vous avouer qu'aujourd'hui est la dernière fois que je vous vois. Mon papa ne veut plus payer les séances, étant donné que j'ai été prise à Yu Gwan Sun. Donc c'était soit vous, soit le lycée. Et je pouvais pas laisser passer cette occasion... Je suis triste de ne plus vous voir après... Vous allez me manquer.»

A ce moment, cette Yumi que je pensais peu expressive, sarcastique et trop réaliste pour son propre bien, est venue derrière le bureau pour se jeter dans mes bras. Je sais que normalement, un médecin doit garder ses distances avec un patient, quelque soit son âge et son caractère. En deux ans, je me suis énormément attaché à elle. J'ai vu grandir cette petite fille, qui est maintenant devenue jeune femme. Elle a été une de mes premières patientes dans ce cabinet, et je dois l'avouer, elle va beaucoup me manquer, à moi aussi. Yumi est une enfant adorable malgré son cynisme, et très attachante. Ma conclusion à ce dossier sera donc le dernier dialogue que nous avons eu dans mon cabinet, car je ne l'ai plus jamais revue depuis.

« Hm. C'est vraiment dommage que je ne te vois plus. Mais tu as été prise là où tu voulais, dans un grand lycée réputé et une passerelle pour retrouver ma mère biologique. Je pense que tu es heureuse là-dedans, que tu t'épanouiras comme il le faudra.
- Merci. En fait, je pensais que ça allait être l'enfer. Mais non, je m'en sors plutôt bien pour le moment. J'ai un ou deux amis, moi qui pensais en avoir aucun. Après tout, je suis une pauvre dans un monde de bourges friqués. J'ai eu quelques problèmes en arrivant. Mais bon, j'ai ouvert ma bouche et depuis, on me laisse tranquille. Ça fait du bien de dire ce que l'on pense.
- Je me disais aussi... Une Yumi affective, c'est pas toi. Il suffit de peu de temps pour que tu redeviennes aussi réaliste.
Donc... C'est ton père qui paie tes frais de scolarité?
- Oui. Mais je ne pensais pas qu'ils les paieraient, alors j'ai fait une demande de bourse au lycée, et ils l'ont accepté. Donc l'argent que va me donner papa, je le garde pour moi. Comme ça, je serai riche grâce à lui. Héhé.
- Tu es vraiment incorrigible... Pourquoi tu ne lui dis pas que tu es boursière?
- Parce que. Si j'essaie de lui dire, il s'en battra les miches; il ne m'écoute jamais. Donc il paie pour que je l'aime, mais je ne l'aime pas. Conclusion, il fait ça pour rien. Je trouve ça marrant.
Tiens, au fait! Je me suis toujours demandé si vous étiez marié, si vous aviez des enfants... Maintenant que c'est notre dernier entretien, je ne suis plus vraiment une patiente. Je peux savoir, hein? Hein? »

Je sais qu'il est normalement interdit de faire ce genre de choses. Mais je l'ai fait. Elle sait qu'il y a une madame Uhm, et qu'il va bientôt y avoir un bébé...

Etat à la fin des entretiens: HWANG Yumi, 15 ans.
Conclusion: État psychologique légèrement instable suite à une enfance mouvementée. Enfant trop mature et sarcastique pour son âge, une adulte dans un corps d'enfant. Manque de confiance important, mais fort idéalisme.
Ne nécessite aucun traitement, juste un soutien familial.