Sagement installé sur son lit, allongé de toute part de manière nonchalante sur ses couvertures légèrement défaites. Le jeune homme venait seulement de rentrer dans la demeure une vingtaine de minutes plus tôt, après avoir passé une soirée dans les bars populaires du quartier étudiant avec certains de ses camarades de cours, de ses connaissances et ces amis proches. La seule pensée qui lui était parvenue, une fois après avoir franchi les portes de l’appartement qu’il partageait avec son meilleur ami, était bien celle de pouvoir enfin prendre une douche pour se réveiller et reprendre conscience, en atténuant les effets de l’alcool sur son corps et son esprit. Il méconnaissait le nombre de verres qu’il avait pu ingurgiter en cette soirée, il avait seulement suivi le mouvement, en ce jour ces amis fêtaient l’anniversaire de l’un d’entre eux, ainsi l’alcool avait coulé à flot sans qu’aucun des invités ne puissent vraiment s’arrêter, il fallait seulement suivre le mouvement et s’amuser. Seulement Hu Jun au contraire de ses camarades s’était arrêté bien avant eux, même s’il avait assez bu pour que sa vue se dégrade et qu’il ne soit pas encore réellement capable de contrôler consciemment chacun de ses actes, mais comparé à ses camarades qui semblaient dans un état aggravé, il se sentait étrangement sobre. C’était sans doute l’une des raisons pour lesquelles il avait décidé de laisser ses amis et de rentrer chez lui avant que la plupart des taxis ne soient pris de cours par les étudiants. A cette heure de la nuit, le réseau du métro se faisait rare et n’ayant strictement aucun moyen d’argent, quel que soit le trajet, il pouvait facilement rentrer et surtout ne pas réfléchir avant de savoir quelle ligne prendre pour rentrer à son domicile seul. Ne sachant nullement si son colocataire et meilleur ami était là. Sans aucun doute que tout comme lui, il avait dû passer une agréable soirée en compagnie de ses amis, même s’il supposait que comme souvent il risquait de revenir ivre et se comportant toujours sans vraiment réfléchir, combien de fois s’était-il levé pour venir le monter dans sa chambre, tellement son état se trouvait-il bien cheminé.

En ces moments-là Yano, croyant sans aucun doute qu’il se trouvait près d’une de ses conquêtes féminines. Peut-être qu’Hu Jun se trouvait-il trop faible en ces moments-là et abusait-il du corps de son ami sans que celui-ci ne le sache, l’alcool le rendait saoul et chaque matin, Yano oubliait chacun des gestes qu’il avait pu avoir envers sa personne. A chaque occasion, Yano, inconscient, l’embrassait sans aucune angoisse, ce qui l’enchantait tout autant pour lui, l’homme qui désirait le plus secrètement, goûtait à ses lèvres sacrées. Un baiser auquel il se permettait de répondre, étant persuadé que jamais il ne pourrait véritablement goûter à celle-ci s’il se trouvait sobre. Yano était définitivement hétérosexuel, sinon il aurait remarqué depuis de nombreux mois les regards qui lui lançaient, ses regards qui se trouvaient bien loin d’être innocent. Son meilleur ami devait être bien aveugle et persuadé que leur amitié se basait uniquement sur de l’amitié pour ne pas voir en leur affection des sentiments plus forts qu’ils semblaient ressentir. Dans ces moments-là, Hu Jun s’en voulait de céder à ces pulsions, d’embrasser l’être qui faisait battre son cœur, de caresser les quelques morceaux de peaux qui lui offrait pendant ces quelques instants. Si jamais Yano découvrait ces instants de mémoires perdus, sans aucun doute qu’il déciderait de briser leur amitié et de demander que l’être horrible qu’il était quitte son logement. N’importe quel homme sur terre ne devait profiter de l’état de faiblesse de ses amis pour réaliser ses plus grands fantasmes intérieurs, il devait être un homme infâme qui ne méritait pas d’avoir tant de places dans le cœur de Yano.
Ne voulant nullement se plonger dans des pensées si obscures, si ténébreuses de son être, il préféra simplement prendre une douche pour se changer les idées et rejoindre les bras de Morphée, peut-être qu’en cette soirée, son colocataire ne rentrerait pas ivre, tout simplement sain et ainsi il n’aurait pas à répondre à ses désirs. Dans l’état où il se trouvait, après avoir bu tant de verres d’alcool, il se sentait bien incapable de résister à ses lèvres si celui-ci commençait de se tromper sur l’identité de sa personne. Peut-être même qu’un jeu il devrait lui avouer une des parties de ses soirées qu’il oubliait à chaque fois, un instant qu’il redoutait tant depuis la première fois où avaient vaincu ses envies à sa raison. Il sortit ainsi quelques minutes plus tard de la douche uniquement vêtu d’un bas de pyjama bleu et blanc à carreau. Malgré cette dernière, il avait désagréablement la sensation d’avoir chaud, ce qui était surement dû à l’alcool qu’il avait ingurgité pendant ses dernières heures en compagnie de ses amis. Ce fut donc avec un peu de difficulté qu’il rejoint sa chambre et qu’il accueillit avec grand plaisir les draps de son lit pour s’y engouffrer et se reposer quelques minutes, avant de replonger dans ses pensées et profiter du calme du lieu pour se relaxer.

Seulement celui-ci ne perdura que très peu de temps avant qu’il n’entende, à sa plus grande crainte, les portes de l’appartement s’ouvrir pour y laisser pénétrer la personne qu’il redoutait tant depuis plusieurs mois. Cette personne qui lui faisait perdre l’esprit à chaque instant. Au plus profond de lui il avait espéré ne pas se lever pour ne pas céder à ses pulsions si Yano intentait ne serait-ce qu’un geste affectueux, il serait bien incapable de répondre de ses actes dans la limite du raisonnable. Même ivre, il ne songerait jamais à avoir des contacts charnels avec lui, s’il s’agissait de ce cas, jamais il n’oserait profiter de son corps, il se trouvait bien trop bon pour avoir de telles pensées en ces moments-là.

Plusieurs minutes passèrent ainsi avant qu’il ne décide de se lever de son lit pour affronter la dure réalité, Yano se trouvait à l’entrée de leur appartement sans doute incapable de pouvoir marcher seul et de remonter à sa chambre. Il espérait une seule chose, que Yano ne commence pas à avoir de gestes tendres envers sa personne sinon il risquerait ne plus répondre de lui-même, surtout après avoir bu tant d’alcools. Il ne prit pas la peine de s’habiller plus convenablement et descendit les escaliers qui menaient au salon. Allumant la lumière, il aperçut donc sans silhouette à l’entrée. Yano semblait perdu dans ses pensées, sans doute dans des raisonnements insensées, l’alcool devant s’être infiltré dans son sang à grande quantité.

Ce fut donc machinalement qu’il se dirigea vers sa personne, inconscient de la vision qu’il offrait à la personne qui l’aimait secrètement. Il s’abaissa doucement à son niveau, une fois arrivée à quelques dizaines de centimètres de lui ayant l’intention de l’aider à se relever pour le mettre sur son lit, tentant d’oublier chacune des pensées envieuses qui occupaient son esprit alors qu’il pouvait admirer le corps de l’être aimé et désiré, perdu dans la luxure de l’alcool et du plaisir. Peut-être que cette nuit, une femme avait pu profiter de son corps, avait pu caresser ce corps ô parfait qui lui donnait tant envie. Et il ne pouvait que détester celle-ci tant il avait espéré pouvoir être à sa place, pour lui qui n’avait jamais ressenti un tel désir en une autre personne que Yano.

Seulement ces résolutions disparurent très rapidement, à partir du moment où il sentit les doigts de Yano se nichait sur son front comme pour tracer chacun de ses traits. Soupirant presque de bonheur, il ne put que fondre au regard si envoutant que venait de lui adresser son ami, surtout lorsqu’il vit sa langue humidifier ses lèvres. Yano lui offrait une vision ô tentatrice qui ne pouvait pas le laisser insensible, se rendait-il compte qu’Hu Jun avait l’impression de fondre à chaque seconde à le regarder ? Se rendait-il compte que la seule chose qui importait celui-ci à présent se trouvait être de gouter à ses lèvres, de caresser ce corps qui lui semblait si parfait, tel un dieu. Obéissant muettement à l’ordre de Yano, il rapprocha son visage de celui-ci, bien trop heureux de pouvoir à nouveau goûter à ses lèvres quelques instants plus tard, même s’il savait au plus profond de lui qu’il trompait son ami, il n’était nullement une femme qu’il avait conquis cette nuit-là. Seuls quelques centimètres séparaient leurs lèvres et son for intérieur ne pourrait être paisible que s’il pouvait à nouveau l’embrasser, tel qu’il l’avait souhaité, tel que son corps le réclamait. Le regard de Yano était si séducteur, comme son comportement, comment en être faible pouvait-il alors ne serait-ce que résister à cette désireuse tentation.

Seulement, avec grande surprise il entendit des mots qu’il ne penserait jamais entendre de la part de son aimé. En de nombreuses fois il avait cru qu’il s’agissait d’un simple malentendu, Yano ne pouvait certainement pas se rendre compte que la personne qu’il embrassait était lui, jamais Yano ne pourrait ressentir envers sa personne des sentiments si forts, cela était inimaginable. Il n’eut cependant le temps de réagir, Yano scella ses paroles dans un baiser tendre, un simple effleurement de leurs lèvres. Ce qu’il avait toujours espéré venait d’être prononcé, Yano le trouvait magnifique, l’appelait « mon » Hu Jun, l’alcool avait sans aucun doute endommagé son esprit, Yano ne pouvait nullement avoir prononcé ces paroles, n’est-ce pas ? Ses sentiments ne pouvaient nullement se retrouver un jour réciproque, cela semblait si irréel.

Néanmoins la plupart de ses pensées s’évaporèrent, son désir voulant répondre à la demande de cet être o magnifique. Yano ne se souviendrait de rien le lendemain alors partager un baiser ne pouvait être interdit, surtout pas alors qu’on vous le demandait presque en vous le suppliant.

« Tout ce que tu veux…depuis le temps que j’ai eu envie de t’entendre dire ces mots… si tu savais… »

Soupirant presque de bien-être, oubliant les conséquences de son comportement, il ne laissa nullement le temps de répliquer à Yano avant de prendre ses lèvres dans les siennes. Laissant ses mains caressait la nuque de son aimé, tandis que la seconde venait flatter ses reins, caresser cette peau ainsi lui avait tant manqué…si seulement Yano pouvait ne serait-ce que jamais se rendre de ce fait. Soupirant encore, il vint de sa langue caresser les lèvres de Yano, souhaitant approfondir ce baiser, ce qu’il n’hésita pas lorsqu’il vit sa bouche s’ouvrir doucement pour répondre à son désir. Presque sauvagement il vint alors faire rencontrer sa langue auprès de sa jumelle dans un langoureux baiser qui ne le laissait de marbre. Sa main vint se nicher au creux de sa nuque pour chercher à approfondir leur baiser. Seulement à bout de souffle, il vint stopper le baiser, ouvrant les yeux et lançant un regard à l’être aimé un regard ô rempli de désirs.

« Tu es si désirable… ».